lundi 5 novembre 2007

Quand "L' Humanité des débats" manie ses petits ciseaux...

Le 3 novembre 2007, L' Humanité publiait sous le titre " Un Munich de l' écologie" une virulente critique du "sommet de Grenelle pour l'Environnement" signée Paul Ariès.

Ce penseur altermondialiste, co-organisateur du "Contre-Grenelle de l'environnement", combat le programme tout-nucléaire français. Il l'a encore répété en conclusion du du contre-sommet de Lyon: "Ne cédons pas sur l'exigence d'un moratoire sur le programme électronucléaire" .
Un sujet de la plus haute importance stratégique, tellement sensible qu'il était officiellement exclu des "débats" du sommet officiel de Borloo et ses écotartuffes, et qu'il n'est pas mieux traité dans les pages "débat" de l'Humanité ...
On peut le vérifier au moyen d'un rapide comparatif avec d'autres versions du texte d'Aries, mises en ligne ailleurs, sous le même titre et la même signature.

On ne sait si les coups de ciseaux ont été donnés avec ou sans l'accord de l'auteur, mais le résultat est là.

Ont ainsi disparu des versions initiales, faciles à retrouver sur une foule de sites tels que CELUI-CI les passages suivants :

(...) Munich de l’écologie politique, car l’idée s’impose qu’on pourrait obtenir des avancées sans constuire d’abord un rapport de force face à la puissance des lobbies économiques et nucléocrâtes(...).
Et plus loin:
(...) En attendant, nous ne laisserons pas Sarkozy profiter de la présidence française de l’Union européenne en juillet 2008 pour imposer à l’Europe le retour au tout-nucléaire...
(...) Face à une droite naturellement sarko-compatible et à une gauche toujours plus sarko-compatible...Nous disons que l’on ne peut vouloir à la fois plus de croissance et plus d’écologie.

Ces considérations frappées au coin du bon sens (au point de vue de l'écologie politique bien sûr), se sont évanouies de la version publiée sur le site du quotidien communiste. On y trouve en revanche des propositions sociales supplémentaires, notamment sur le RUE (Revenu Universel d'Existence) et le RMA (Revenu Minimum Autorisé), qui n'y sont pas ailleurs. (?)

Grace à l' Huma, le lecteur apprendra qu'une critique écologique responsable suppose de s'abstenir de critiquer la filière EPR, ou d'alarmer inutilement l' opinion sur la prolifération des déchets de l'industrie nucléaire, facteurs de risque majeurs pour la santé et l'environnement,sans parler de la prolifération de l'arme atomique. Or on peut considérer que ces risques se sont considérablement aggravés aujourd'hui en France avec la venue d'un régime encore plus dévoué que les autres aux intérêts du lobby pro-nucléaire !

Ainsi va "le débat" à l' Humanité.

A consulter:
CONTRE-GRENELLE.ORG

lundi 22 octobre 2007

Poème saisi sur Guy Môquet le jour de son arrestation

«Parmi ceux qui sont en prison
Se trouvent nos 3 camarades
Berselli, Planquette et Simon
Qui vont passer des jours maussades

Vous êtes tous trois enfermés
Mais patience, prenez courage
Vous serez bientôt libérés
Par tous vos frères d’esclavage

Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme

Main dans la main Révolution
Pour que vainque le communisme
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme

Ils se sont sacrifiés pour nous
Par leur action libératrice

Tiré de "La vie à en mourir, Lettres de fusillés 1941-1944", éditions Tallandier. Lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko, conservateur du Musée de la Résistance nationale

mercredi 3 octobre 2007

Réarmer une gauche en miettes (2)

Une analyse implacable de l'évolution de la social-démocratie européenne.

Notre feuilleton estival commencé avec les interviews de Daniel Bensaïd (LCR) et Paul Aries (onglet "Videos" ) continue avec Jean-Luc Mélanchon (PS), qui présente lui-même son bouquin " En quête de gauche ", paru à la rentrée 2007.


en quête de gauche



Critique du livre de Jean-Luc Mélanchon sur nonfiction.fr

« La sociale-démocratie c’est fini ! » : tel est le titre du chapitre premier de ce livre. L’ancien ministre délégué à l’enseignement professionnel sous l’ère Jospin, dépeint un bilan désastreux de la social-démocratie européenne. Et renchérit : « Les sociaux-démocrates de toute l’Europe démantèlent méthodiquement l’Etat social qu’ils avaient contribué à bâtir en un siècle de compromis et de rapports de force ». Il se plait à démystifier les modèles d’Europe du nord comme celui de la Suède avec le « "blairiste" Göran Persson », le champion de la fermeture des bureaux de poste. Parallèlement, Schröder accomplit « des exploits libéraux en matière fiscale » aidant les plus riches dès son premier gouvernement pendant que Tony Blair ferme plus de 15.000 lits dans les hôpitaux anglais…

Mélenchon ne se contente pas de contester par des exemples très précis l’action de la gauche européenne : si Tony Blair a gagné trois élections de suite c’est la conséquence triviale d’ « un mode de scrutin complètement archaïque et antidémocratique » (nos amis anglais apprécieront).

Selon l’auteur, la social-démocratie ne rime pas seulement avec renoncement mais aussi avec compromission. L’ancien président social-démocrate vénézuélien Andrès Pérez n’a pas hésité à envoyer l’armée pour réprimer le peuple en 1989 où 3.000 personnes perdront la vie.

Le sénateur de l’Essonne, avec la plus grande méticulosité, dévoile l’affiliation idéologique des partis de gauche européens aux thèses de Bill Clinton. On découvre que depuis 1984, les dirigeants socialistes français, avec François Hollande à sa tête, veulent faire triompher l’orientation « démocrate ».


Pour l'émergence d'une gauche réelle

Certes tout au long de l’ouvrage, il n’oublie pas de critiquer sèchement Ségolène Royal en la traitant de « sexiste féministe » et en l'accusant avoir utilisé sciemment « le terrorisme intellectuel et la victimisation » pour refroidir ses contradicteurs, mais il ne s’acharne pas sur sa personne. Il s’attache à mettre en perspective cette ligne « démocrate » qui unit depuis des années le groupe des « transcourants » affecté d’une vision « archaïque » de la société où la question de la redistribution des richesses est écartée. Au-delà de ce réquisitoire, Jean-Luc Mélenchon érige en modèle les nouveaux régimes d’Amérique Latine et Chavez en ami et figure de proue. Assurément centré sur les réalités sociales, l’entretien ne soulève pas la question des libertés au Venezuela.

Sans réel espoir, l’auteur propose de revenir à un socialisme français fidèle à son histoire et ses valeurs républicaines. Lui, qui avoue avoir très fortement esquissé l’idée de se présenter à l’élection présidentielle en candidat unique du « Non », ne se fait guère d’illusions sur l’avenir du P.S. et son inévitable dérive droitière.

Face à l’endémie de « clintonite », et le risque que la gauche soit rayée de la carte politique, il tente alors succinctement d’ouvrir un nouveau chemin avec l’émergence hypothétique d’une nouvelle force de Gauche, « l’autre gauche », regroupant socialistes, communistes, alter-mondialistes à l’image du parti allemand Die Linke.


Une fougue qui confine à l'excès

Fidèle à ses habitudes, Jean-Luc Mélenchon n’use pas de la langue de bois. Mais cet homme passionné s’enferme trop souvent dans ses propres excès : il remet en cause l’exactitude des résultats du référendum interne sur le traité constitutionnel du P.S. ; de même, il accuse le P.S. de relayer les positions de l’extrême droite vénézuélienne pendant qu’il vient à la rescousse du président Chavez attaqué sur ses discours subversifs.

Cette fougue exacerbée qui l’anime sur les estrades et que l’on retrouve tout au long du livre l'empêche de donner une réelle crédibilité à son analyse et des perspectives à un P.S. qui en aurait pourtant bien besoin. (...)

Barnabé Louche, pour nonfiction.fr

Note : Le " portail des livres et des idées" (http://www.nonfiction.fr) publie sous licence Creative Commons, (De même que Google 38 , voir "A propos") ce qui signifie que ses contenus sont diffusables librement sur les sites à but non lucratif. Bravo !

vendredi 14 septembre 2007

Le procès de Laurent Joffrin

En janvier dernier, le journal de critique des médias Le Plan B mettait en scène le procès du directeur de Libération, le taulier barbichu de la « maison commune de la gauche ». Bien que fictive, cette comparution éclaire la farce du forum « Vive la politique! » qui s'est jouée à Grenoble.


Gardes, faites entrer l’accusé !

Le président : Accusé Laurent Mouchard, dit « Joffrin », levez-vous. Vous venez de prétendre que Libération, dont vous êtes devenu PDG grâce à Édouard de Rothschild, sera, je vous cite, « le journal de la société contre le pouvoir économique » [rires dans la salle]. Mentir est chez vous une vieille habitude. Là, c’est l’infraction de trop.

L’accusé : Mentir ? Édouard est un entrepreneur moderne, sociétal, qui multiplie les initiatives citoyennes !

Le procureur : Comme le licenciement de 82 journalistes ?

La défense : Ces bras cassés ont fait plonger le cash flow de la marque Libé ! Mon client a montré que « s’ils avaient passé le temps qu’ils ont passé en AG à écrire des articles, on n’en serait pas là ! » La presse dont il rêve sera riche en pop up, en suppléments publicitaires altermondialistes. Il sait faire. Lisez son éditorial du cahier « Spécial cadeaux » du Nouvel Observateur : « À l’ombre du sapin, tous, pro et anti-consommation, se réconcilient. Militants austères ou consommateurs enragés, ils ne connaissent alors qu’un seul défilé : celui qu’ils forment devant les caisses enregistreuses. Et, après Noël, ils se rassemblent sous une seule banderole où on lit : “Soldes ”. » C’est le socialisme de demain !

Le président : Accusé, mettre la gauche à droite, est-ce adroit ? [Il glousse]

L’accusé : Sur ce terrain, barbiche mise à part, hé, hé !, j’avance à visage découvert depuis plus de vingt ans. En 1984, l’émission « Vive la crise ! », c’était moi. Yves Montand et Alain Minc récitaient ma partition. Mon adagio télévisé était subtil : à bas les grosses caisses des syndicats corporatistes avinés, vive les symphonies techno-monarchistes de Philippe de Villiers.

Le procureur : N’auriez-vous pas plagié ce refrain ?

L’accusé [incapable de contrôler son tic verbal du « hé, hé »] : Hé, hé ! que non. Dans mon livre La Gauche en voie de disparition, j’expliquais dès 1984 : « Aux chœurs lourdauds des manifs de la gauche, les Français préfèrent les mélodies légères des chorales de quartier, aux slogans vengeurs les vocalises apaisantes, et aux mouvements de menton des chefs de parti les mouvements de baguette des chefs d’orchestre. » Pas mal !

Le président : Mais ça ne veut rien dire ! « Vocalises apaisantes », n’était-ce pas plutôt l’époque du capitalisme brutal de Reagan et de Thatcher ?

La défense : Monsieur le Président, Reagan répercutait le cri de la société civile contre l’État, comme Rothschild aujourd’hui. Pour mon client, « il n’y a pas d’autre moyen de rénover enfin la culture politique de la gauche que d’y injecter massivement les valeurs du marché. En ce sens, le capitalisme est l’avenir de la gauche. Et, face à une bourgeoisie française conservatrice et rentière, la gauche est l’avenir du capitalisme ». [Cris d’horreur dans la salle, vomissements.]

L’accusé : Hé, hé !

Le président : Qu’entendez-vous faire de Libération ?

L’accusé : Rien de plus que ce qu’il est depuis vingt-cinq ans. Serge July m’a appris le journalisme. Mon projet, c’est mon bilan. Je l’ai dressé en 1993 : « On a été les instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche. »

Le président : La cour constate votre constance : un an plus tard, vous jugez que BHL, Goupil et Bruckner, « c’est le genre de courants sur lequel la gauche doit se brancher ». En 1998, vous réclamez la privatisation d’Air France…

Le procureur : Ce n’était qu’un début…

Le président : En effet. [Il reprend] En 1999, vous estimez : « L’Amérique-monde dans laquelle nous vivons désormais est un empire démocratique. Elle s’impose par l’Idée, bien plus que par la force matérielle. » Bien vu !

L’accusé : Sarkozy, à qui j’en avais parlé, a beaucoup apprécié.

Le président : Hum… Vous exprimez quelques réserves envers la guerre d’Irak, mais pour ajouter : « L’armée américaine devrait être épaulée, relayée par des troupes européennes, y compris françaises. » Puis vous célébrez la journaliste du New York Times qui a diffusé la propagande du Pentagone sur la présence d’armes de destruction massive en Irak : « Judith Miller représentait le mieux, au Times, la fiabilité et le professionnalisme. » Son journal la licenciera peu après pour faute grave (600 000 morts) ! Y a-t-il un seul bobard de guerre sur lequel vous n’ayez sauté à pieds joints ?

Le procureur : Monsieur le président, le fait que son hebdomadaire ait été condamné pour « contrefaçon » le 11 septembre 2002 par le tribunal de grande instance de Paris ne lui a rien appris ! En mai 2005, Le Canard enchaîné révèle qu’il a « réécrit » pour le durcir un entretien avec Jacques Delors, car il voulait, face à la montée du « non » au référendum, titrer à la Une, et en lettres énormes : « Delors : “ Ils vous mentent !” » La défense : En matière de faux scoops, mon client n’égale pas Edwy Plenel. Lui aussi briguait la direction de Libération. Or l’accusation l’a convoqué… [Un petit homme en noir surexcité déboule dans le prétoire.]

Edwy Plenel : À moi comte, deux mots ! Enfin vous l’emportez, et la faveur du roi vous élève en un rang qui n’était dû qu’à moi. [Le témoin brandit Le Cid, de Corneille, et se met à hurler] Achetez ce livre ! Précipitez-vous ! C’est ça, la démocratie !

L’accusé : Monsieur le Président, ces simagrées me peinent. Edwy [marmonnant dans sa barbiche constellée de morceaux de cake, il se tourne vers le témoin], je mesure que ce fiasco va accentuer ta dégringolade. Sois gentil, cesse d’hystériser les débats. Nous avons toujours combattu ensemble, mais pour régner sur Libération il n’y avait qu’un sceptre. Rothschild en détenait la clé. Or moi, je tutoie Nico [Sarkozy], un ami d’Édouard. Hé, hé !

Edwy Plenel [déchaîné par ce ricanement] : Regardez tous ! [Le témoin exhibe alors des fiches de police dévoilant la marque de savon à barbe de son rival. La salle est prise de pitié] Depuis que Mitterrand est mort, plus personne ne m’écoute… [Il sanglote. Deux gardes emmènent la petite teigne moustachue en lui chantonnant une comptine pour enfants]

Le président : Accusé, quel journalisme comptez-vous pratiquer ? L’accusé : Je l’ai écrit en 1999 : « Quoi qu’en dise Bourdieu, les espaces de liberté, dans les médias français, restent considérables, plus grands même qu’ils ne l’ont jamais été. » Mon journalisme sera celui du refus des connivences [Stupeur dans la salle]

Le procureur : C’est inouï ! En août 2000, Le Nouvel Observateur, que dirige l’accusé, recommande une émission de télévision avec… Joffrin ! Le mois suivant, la couverture du magazine est consacrée à un livre coécrit par Joffrin. En avril 2005, une page du même hebdomadaire célèbre une émission, « Les détectives de l’histoire », animée par… Joffrin. Dans Le Nouvel Observateur du 21 mars 2002, Joffrin figure dans la rubrique « En hausse ». Deux semaines plus tard, la rubrique « Les écrivains de L’Obs » applaudit un roman de Joffrin, La Princesse oubliée, dont les boutiques « tout à 1 euro » ne savent plus que faire.

L’accusé : Pourtant Raphaëlle Bacqué, du Monde, a estimé que j’écrivais « vite et bien » [la salle se tord de rire].

Le procureur : [Il reprend] En janvier 2002, notre brillant écrivain [gloussements] avait invité son patron, Jean Daniel, dans l’émission de France Inter qu’il présentait alors. Car l’accusé compense la médiocrité de ses productions par leur fréquence et par la densité de son réseau de connivences (Val, Maris, Bacqué, Hees, Tesson, Giesbert). Et le plus drôle est qu’un jury présidé par le prévenu attribua son « prix de la meilleure Une de presse » au… Nouvel Observateur.

Bluffés par un tel culot, le public et la cour applaudissent. L’accusé hésite, puis salue d’une révérence. Rasséréné, il ouvre une boîte de caviar. De petites giclées noires colorent les particules de cake égarées dans sa barbiche. Son acquittement lui paraît acquis. « Hé, hé ! ». Mais la cour reparaît : « Qu’on le rase ! »

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à lire aussi : Bilan de ce forum vu de l'intérieur, par une journaliste d' Arrêt sur Images.

jeudi 16 août 2007

Opération "Libération" à Grenoble


Comme certains le savent déjà, Libération, quotidien du groupe Rothschild, organise un "forum citoyen" à Grenoble les 13, 14, 15 septembre 2007.


Intitulé "Vive la politique" - clin d'oeil de Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, à son émission et au numéro spécial de Libération "Vive la Crise", de 1984-, ce "forum", sponsorisé par la mairie de Grenoble, la Métro (communauté d'agglomération), le Conseil général de l'Isère et le Conseil régional Rhône-Alpes, est censé rassembler 10 000 personnes, dont les ministres Borloo, Kouchner et Fadela Amara, à Mc2 (la maison de la haute culture), et à la Bifurk (local associatif).

Concrètement, c'est Max Armanet, médiatique catholique et militariste, ex-directeur de la rédaction de La Vie, et nouveau directeur du développement de Libération, qui dirige cette opération à entrées
multiples.

1) Pour Libération et Joffrin, l'objectif est de re-positionner le quotidien "libéral-libertaire", sur le créneau vacant et supposé plus rentable de "journal de gauche", dans la lignée de feu Le Matin de Paris. Sur 17 millions d'électeurs, c'est bien le diable s'il ne s'en trouve pas 170 000 pour acheter chaque jour un quotidien social-libéral.

2) Pour la droite complexée, de Bayrou à Royal, en passant par Strauss-Kahn et Cohn-Bendit, il n'est pas mauvais de disposer d'une tribune, et de s'emparer du média "emblématique" du soixante-huitisme; notamment à la veille des cérémonies du 40e anniversaire.

3) Sempiternellement, il s'agit de "rénover", "refonder" la gauche, c'est à dire d'écraser les derniers rogatons étatistes (mélanchonistes, communistes, trotskystes, josébovistes, syndicalistes, d'Attac à Politis), la gauche du "non" au traité constitutionnel européen pour laisser la place à la gauche de marché. C'est Rosanvallon qui n'en finit pas de piétiner le cadavre de Bourdieu.
Ce qui rend cette "gauche de la gauche", voire "100% à gauche", si vulnérable à cette absorption, c'est qu'elle est déjà à demi-vaincue de l'intérieur. Soumise au primat de la croissance, de l'emploi, du pouvoir d'achat, souvent pro-nucléaire, superstitieusement scientiste, elle soutient le lobby "Sauvons la Recherche" (d'ailleurs dirigé par d'anciens trotskystes), la liaison recherche-industrie et l'innovation techno-industrielle, la plus futile comme la plus liberticide.
Complètement obtuse au fait que l'artificialisation du Vivant et le marché sécuritaire constituent désormais les seuls vases d'expansion de la croissance.

4) Où "rénover la gauche" ? sinon, comme d'habitude, depuis Dubedout, dans le "laboratoire grenoblois" et sous la tutelle du CEA. En suivant le "modèle grenoblois" et ses déclinaisons: technopole, essaimages, pôles de compétitivité, et vidéo-surveillance. Strauss-Kahn, "Dominique" comme dit Sarkozy, a d'ailleurs confié au magazine "Acteurs de l'Economie Rhône-Alpes", tout le bien qu'il pensait du "modèle de développement grenoblois", mis en oeuvre par son vassal Destot.
Pour celui-ci, pour Migaud et Vallini, caciques de la Métro et du Conseil général, cette opération de relation publique constitue un coup de pub national, à l'entrée dans la campagne pour les élections municipales de mars 2008. Destot, surtout, aura fort à faire pour faire oublier à une fraction réduite, mais indispensable de son électorat, l'arrachage des arbres de la place de Verdun, la construction du multiplexe Chavant, la destruction du parc Paul Mistral, son implication dans Biopolis, Minatec, dans l'A51, dans le projet de tunnel sous la Bastille et nombre d'autres méfaits. Ce "forum citoyen" financé par les collectivités locales était donc une proposition irrésistible pour son directeur de la communication.

Il va de soi qu'instruits par de fâcheux précédents ( congrès du PS en 2000, assises de "Sauvons la recherche" en octobre 2004, "Forum Sciences et Démocratie" de juin 2005, "Forum nouvelles critiques sociales" de la République des idées en mai 2006, inaugurations contestées de la MC2, du tramway B, de Minatec), les loustics qui montent cette opération ont tenté de mettre toutes les chances de leur côté pour communiquer sans brouillage. La date est choisie de manière à prendre de court tous les révolutionnaires en congé du 15 juin au 1er octobre. L'occupation de la Bifuk (juste en face de la MC2), après normalisation municipale, vise à priver les opposants d'un lieu de réunion qui avait servi dans le passé, et à draguer le fretin artistico-associatif toujours à l'affût d'une subvention ou d'une occasion de s'exhiber. Et l'on peut penser que la présence de ministres et d'importants justifiera l'abondance et la variété de polices privées et publiques. Cependant, à leur mesure, et avec les moyens du bord qui sont les leurs depuis des années, ceux qui, parmi beaucoup d'autres, ont rendu nécessaire la énième répétition de ces barnum citoyens à grand spectacle, diront à cette occasion pourquoi il ne faut pas suivre l'anti-modèle grenoblois, et l'urgence au contraire d'en démonter le
laboratoire.


Grenoble, le 13 août 2007
Service Compris - Cet article est reproduit de Indymedia-Grenoble

jeudi 9 août 2007

Un été au taupe niveau

A propos de la parodie de consultation des habitants de l'agglomération grenobloise sur le projet de rocade Nord par les présidents du Conseil général de l' Isère et de la Chambre de Commerce et d' Industrie jetez vous sur la conférence de presse de R.Avrillier (élu à la Metro et au conseil municipal de Grenoble) et V. Comparat (ADES) le 28 juillet 2007 :
http://www.ades-grenoble.org/wordpress/?p=3#more-3

Voir aussi ROCADE STOP.org

lundi 9 juillet 2007

Nouveau rebondissement dans l'affaire des contre-plaquistes

On croyait l'affaire classée par la cour d' appel le 5 juillet 2007, mais c'était sans compter sur l'acharnement éminemment politique d'un procureur (aux ordres ?) Quand à la cour d'appel de Grenoble, elle pourrait bien elle-même faire les frais prochainement de la réforme de la carte judiciaire !!!.

vendredi 6 juillet 2007

Dénouement dans "l'affaire des Contre-plaquistes" ?

COMMUNIQUÉ: La mémoire n'est pas soluble dans la science

Déclarés coupables mais dispensés de peine pour avoir substitué aux plaques de la rue Thiers celles de La Commune de Paris, ils refusent le prélèvement de leur ADN : la justice leur donne raison.

La dispense de peine n'est pas une condamnation. Ainsi en a jugé la cour d'appel de Grenoble le 5 juillet dernier. Saisis par 5 « citoyens de la mémoire » refusant de se soumettre au prélèvement de leur ADN, les juges de la Cour d'appel ont considéré que le fait d'avoir déboulonné les plaques de la rue Thiers pour les remplacer par celles de La Commune de Paris n'ayant pas entrainé de condamnation, l'entrée des cinq « contre-plaquistes » au fichier de la police via leur empreinte génétique, ne s'imposait pas.

Le tribunal correctionnel, quelques mois auparavant, n'en démordait pas de cette loi « la même pour tous » c'est à dire, selon une logique «toute répressive » depuis les meurtriers d'enfants jusqu'aux voleurs à la tire (à l'exception toutefois des délits de biens sociaux, corruptions, trafic d'influence ...), mineurs compris.

Elle impose que toute personne condamnée pénalement se soumette au prélèvement de son empreinte génétique pour figurer au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Dès lors, quiconque ne se soumet pas commet un délit : il doit payer et se soumettre et ainsi de suite.
Portée en appel, l'affaire des contre-plaquistes est précisément classée sans suite.

Citoyens de la mémoire, ils ont voulu qu' aujourd'hui résonne encore en notre ville le souvenir de la boucherie que fut la répression par Adolphe Thiers de la Commune de Paris, ils ont juste « oublié » que la science, toute puissante science, n'a que faire des valeurs humaines et que nous courons un véritable danger, en France - et bientôt dans toute l'Europe par la mise en commun de tous les fichiers - en laissant se mettre en œuvre un projet tout entier dévoué à débusquer le déviant, quelle que soit sa déviance, et conserver son empreinte sous haute surveillance. La désignation par une loi de fauteurs de troubles, leur traque et leur condamnation a servi de fondements tout au long de l'histoire de l'humanité aux pires crimes, au pire totalitarisme. La justice, à Grenoble, vient de dire que telle n'était pas la loi des Hommes.

Le Comité de soutien aux cinq « Contre-plaquistes » poursuivis pour refus de prélèvement d'empreinte génétique (ADN)

Grenoble, le 6 juillet 2007

lundi 2 juillet 2007

Réarmer une gauche en miettes (1)

« RÉTABLIR UNE LIGNE DE FRONT TRANCHÉE AVEC LA DROITE ET LE CENTRE »

Une interview de Daniel Bensaïd (LCR) à écouter. Il en existe aussi un résumé écrit dans Regards

mercredi 20 juin 2007

Le perdant a du mordant

Mr Richard Cazenave, candidat sortant et dissident UMP battu de 210 voix au 1er tour des législatives par Carignon (UMP officiel) dans la 1ere circonscription de l'Isere, ne manque pas d'humour dans la défaite. Ecoutez :

jeudi 7 juin 2007

Affaire des contre-plaquistes et empreintes génétiques : Rappel des faits

Le jeudi 31 mai 2007, cinq citoyens comparaissaient au tribunal de Grenoble pour «Refus de prélèvement de leurs empreintes génétiques».

En mai 2003, ils ont démonté toutes les plaques nominatives de la «rue Thiers» de Grenoble pour les remplacer par d'autres intitulées « rue de la Commune de Paris», d'où leur nom de «Contre-plaquistes».
. Alors que leur intention n’était pas de s’approprier ces plaques, un premier procès les déclare coupables de « vol aggravé » mais les dispense de peine
. Deux ans plus tard, ils sont convoqués au commissariat de police pour prélèvement biologique (en vue d’un fichage d’empreinte génétique). Ce qu'ils refusent. Nouveau procès et condamnation à une amende de 150 € avec sursis. Ils font appel et c'est ce recours qui s'est tenu le jeudi 31 mai.
Rappelons la loi. En 2001 création du Fichier National des Empreintes Génétiques. Les prélèvements ne concernent alors que les auteurs de crimes sexuels. La loi est rapidement
étendue à tous les crimes graves, puis à la totalité des condamnés. De fil en aiguille, aujourd'hui, ce sont les suspects de tout délit qui peuvent se voir imposer ce prélèvement!
Ce fichage généralisé et systématisé est absurde et dangereux. Il ne s'agit plus d'un outil de recherche des criminels mais de la mise en fiche de toute la population.
L'informatisation de ces données qui permet, en dépit de la vigilance théorique de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), le croisement avec d'autres
fichiers, peut laisser craindre les pires dérives vers une société totalitaire.

Les organisations soussignées font part de leur entière solidarité avec les Contre-plaquistes. Continuons de les soutenir.

Le Comité de soutien et les organisations et associations ATTAC, Cercle Condorcet, CIIP, LDH, LIFPL, Ras l’front, Survie, CGT, Confédération Paysanne, FSU, PAS, SE-UNSA, SNUipp-FSU, SUD-PTT,Les Alternatifs, GO
Citoyenneté, LCR, PCF, PCOF, Verts-Isère.

jeudi 10 mai 2007

Affaire des contreplaquistes : le corps du délit...

La rue Thiers rebaptisée

En février 1871, Adolphe Thiers, chef du gouvernement, accepte des conditions de paix très dures pour le peuple dans le conflit qui oppose la France à la Prusse. Le 18 mars 1871, alors que Paris est toujours assiégé par les armées de Bismarck, le gouvernement français tente de désarmer la Garde Nationale. Le peuple de Paris se soulève et la Commune de Paris, premier « gouvernement » à forte proportion d'élus ouvriers, est proclamée. Le gouvernement s’enfuit à Versailles. Le peuple parisien est maître de la capitale.
Pendant dix semaines, les « communards » tentent, dans des circonstances extrêmement difficiles, de réorganiser la société sur des bases entièrement nouvelles. Ainsi, la Commune de Paris innove dans le domaine social, l’organisation du travail, la laïcité, l’enseignement, la pratique de la démocratie et l’éventail des salaires.
Le 21 mai 1871, les troupes Versaillaises, menées par Adolphe Thiers, entrent dans Paris pour mettre fin à l’insurrection de la Commune. Débute alors la « semaine sanglante » du
21 au 28 mai 1871. La répression est féroce : 25 000 à 30 000 massacrés (dont femmes et enfants), 36 000 prisonniers, 4 586 déportés en Nouvelle-Calédonie.

vendredi 4 mai 2007

Minalogic et maxi-aides

Au moment où Hewlett Packard, géant mondial de l'informatique, ayant un centre à Eybens, rejoint le pôle de compétitivité Minalogic, dédié aux micro et nanotechnologies et aux logiciels embarqués, la presse nous rappelle que 30 à 40 % des budgets des différents projets sont financés par l'Etat et les collectivités locales. Ce qui veut dire que le public paie les recherches et le privé (HP, ST Microelectronics, entre autres) encaissera les profits issus des mises sur le marché de nouveaux produits ou services.
Si les gouvernements et les collectivités locales menées par la gauche ne sont pas plus regardants que ceux de droite, qui s'en plaindra parmi ces grosses sociétés qui opèrent parfois les plus fortes réductions d'emplois.

lundi 9 avril 2007

Des Portes de l'Oisans aux portes de l'Orient ?

Vizille (Isère) - Le lycée de cette ville, baptisé Lycée des Portes de l'Oisans, vient de passer un contrat avec la Marine nationale : les élèves volontaires qui signent un pré-engagement avant leurs deux ans de Bac pro électrotechnique suivront leurs stages dans le centre de formation de la Marine et, une fois leur Bac en poche, pourront s'y engager pour dix ans. La Marine participe à la sélection avant le pré-engagement et au suivi des élèves durant ces deux années : c'est que l'on appelle mettre son nez là où on ne devrait pas le mettre.
Le bateau "éducation nationale" prenait sans doute l'eau à cause des restrictions imposées par les gouvernements successifs. Mais faire supporter une bonne partie des frais de formation de militaires par le budget de cette éducation nationale, cela va, sinon le couler, du moins le toucher.

jeudi 5 avril 2007

Pas rancunier, le Conseil Général de l'isère

Le Conseil Général de l'Isère, dirigé par les socialistes, avait fourni des millions d'euros de subventions à un projet autour de ST Microelectronics. Ce projet est tombé à l'eau, avec l'incertitude qui en découle pour l'avenir de 300 salariés.
Ce gaspillage des deniers publics n'est pas prêt de se tarir : dans sa dernière session, ce Conseil général a voté 15 millions d'euros pour Photowatt, fabricant de piles solaires, 200 000 euros pour un fabricant d'habillement de montagne, pourtant leader mondial et la même somme pour un groupe de tissage.
On n'a jamais pu démontrer l'incidence positive sur les emplois de ces subventions. Mais nos gouvernants, qu'ils se soient de droite et au gouvernement, ou de gauche et à la direction de ce Conseil Général, continuent ces gaspillages.

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