lundi 29 décembre 2008

Pas d'impunité pour les crimes de guerre Israéliens !

par Michel Warschawski

140 morts après la première heure de l’attaque criminelle israélienne sur la population civile de Gaza. « Ce n’est que le commencement » ont dit des hauts responsables israéliens, se promettant de continuer les bombardements de la ville la plus peuplée au mètre carré du monde !

Nous étions une douzaine de militants Palestiniens et Israéliens assis au siège de l’AIC à Beit Sahour (Cisjordanie), discutant de la crise des partis laïcs palestiniens quand nous avons appris les nouvelles. Après quelques minutes de vrai choc, nous sommes partis chacun vers nos tâches dans une telle situation d’urgence : Ahmad J. a contacté ses amis de Gaza pour avoir les dernières infos, Connie et John sont allés au bureau de Jérusalem pour envoyer un appel à agir du mouvement social international, Sergio et Guila ont contacté les médias étrangers, Ahmad A. est allé à une réunion urgente les mouvements populaires de la zone de Bethléem, Nassar a appelé des factions politiques palestiniennes à une rencontre nationale d’urgence, et en revenant à Jérusalem, j’ai contacté les forces progressistes pour organiser pour cette soirée une protestation en commun des forces israéliennes progressistes devant la maison du Premier Ministre, mais la Coalition des Femmes pour la Paix avait déjà pris l’initiative : On se retrouvera à Tel Aviv à 18 heures.

Après avoir organisé le transport de manifestants potentiels venant de Jérusalem, il me reste deux heures avant de partir pour Tel Aviv. Je les emploie pour vous appeler, amis et camarades du mouvement social et international de solidarité avec le peuple palestinien, à répondre immédiatement à ce nouveau crime de guerre commis par mon gouvernement et mon armée : Plus que jamais, le peuple palestinien a besoin de votre mobilisation, de votre solidarité et de vos efforts. Plus que jamais vous devez faire pression sur vos gouvernements pour imposer des sanctions sur Israël et pour qu’il soit clair qu’un Etat qui viole les règles les plus élémentaires de la loi internationale doit être mis à l’écart de la communauté des nations civilisées.

L’Etat d’Israël doit être suspendu des institutions internationales, tant que Gaza sera assiégé et que l’aviation et l’artillerie israélienne continueront à massacrer sa population !
Les dirigeants politiques et militaires israéliens doivent être traînés en jugement dans un tribunal international pour crimes de guerre !
Suivons l’exemple de nos camarades britanniques, et disons clairement que où que Barak, Ashkenazi, Olmert ou Livni veuillent aller, ils seront accueillis par une inculpation pour les crimes de guerre qu’ils ont commis dans les territoires palestiniens occupés !

Pas d’impunité pour les criminels de guerre israéliens !

Michel Warschawski
Alternative Information Center 27 décembre 2008

mercredi 10 décembre 2008

Les indignations sélectives


Centre d’Information Inter-Peuples
Maison des Associations
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38000 Grenoble
Tel / Fax : 04 76 87 59 79
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Membre du réseau RITIMO

Grenoble le 10 décembre 2008


Monsieur Michel Destot
Maire de Grenoble

Lettre ouverte au sujet de votre décision de fixer le portrait du soldat franco-israélien Guilat Shalit sur la façade de l’Hôtel de Ville ce 10 décembre 2008


Monsieur le Maire,

Nous venons d’apprendre qu’à l’occasion du 60° anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (10 décembre 1948-10 décembre 2008) vous avez décidé de fixer sur la façade de l’Hôtel de Ville le portrait du soldat israélien Guilat Shalit.

Nous sommes surpris par une telle initiative. Pour nous, et pour les dizaines d’associations grenobloises qui organisent de très nombreuses manifestations dans le cadre de ce 60° anniversaire, il s’agit essentiellement d’affirmer l’Universalité des Droits humains sans distinction ni communautarisme.

Indépendamment du fait qu’il nous paraît très discutable et sélectif d’axer sur la façade de la ville cette commémoration sur un cas particulier et sur une situation géo-politique parmi tant d’autres, sans même informer le collectif inter-associatif qui se mobilise depuis plusieurs mois pour sensibiliser et informer les citoyen-ne-s grenoblois-es, et qui les appelle ce même 10 décembre à une MARCHE pour « défendre et étendre les droits humains dans leur universalité », il aurait fallu au minimum afficher en même temps la photo du jeune franco-palestinien Salah Hamouri, également prisonnier, en même temps que 11 000 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. Un prisonnier qui a été condamné à 7 ans de prison, sans aucune preuve ! Vous n’êtes pas sans savoir qu’un Comité national ne cesse d’interpeller le Président de la République, Nicolas Sarkozy à ce sujet, hélas ! en vain, alors que le Président ne cesse d’intercéder, exclusivement, pour Guilat Shalit.

Vous et votre équipe municipale, si tant est qu’elle ait été consultée, vous contrevenez gravement en l’occasion aux principes d’Ègalité et d’Universalité. D’autant plus que sur les deux bandeaux de soutien à Guilat Shahit il y a un appel à un rassemblement à 18H30 Rue Félix Poulat en soutien à ce soldat ! En même temps que la Marche (Place Lavalette) pour les Droits de l’Homme. Marche dont vous êtes certainement informé.

Nous voulons croire que dans les prochains jours vous afficherez la photo du soldat franco-palestinien Salah Hamouri. Nous ne saurons jamais souligner suffisamment que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, ainsi que les diverses Résolutions des Nations Unies afférentes au conflit israélo-palestinienne, doivent constituer le socle incontournable pour l’instauration d’une paix juste et durable entre Israël et le peuple palestinien.

Veuillez croire, Monsieur le Maire, en nos salutations citoyennes et associatives

Pour le Conseil d’administration du CIIP Grenoble : Françoise RAYNAUD

jeudi 4 décembre 2008

Verbatim : Eric Hazan


(...) Je pense que la manière dont la police est aujourd'hui commandée, dans sa conduite vis-à-vis des étrangers sans papiers – qui n'ont pas «vocation» à demeurer en France, comme le dit notre ministre de l'immigration – avec les rafles, les centres de rétention, la brutalité, etc., constitue un entraînement de ces forces pour la guerre civile. Parce que les 25.000 étrangers sans papiers que l'on est censé expulser cette année, tout le monde sait que cela ne changera rien au niveau de l'emploi, ou du déficit de la Sécurité sociale. Mais le processus mis en place pour les mettre dehors est un entraînement formidable pour ceux qui exécutent les ordres. Un entraînement qui pourra être appliqué demain à d'autres, vous ou moi.

(...) Si, par démocratie, on entend ce que Alain Badiou appelle le capitalo-parlementarisme – le fait d'élire toutes les x années un certain nombre de gens, presque tous de la même origine et qui mettent en place des lois pour garantir que les places et les richesses resteront dans les mêmes mains –, alors moi je ne suis pas démocrate.

(...)Je ne suis pas de ceux qui considèrent que le libre exercice d'élections régulières suffise à la démocratie. Le suffrage universel serait la seule chose au monde dont il faudrait dire qu'il aurait toujours raison, la majorité aurait toujours raison, quoi qu'elle fasse. Ce serait vraiment extraordinaire.

Eric HAZAN, éditeur de " L' insurrection qui vient " - propos tirés d'une longue interview à Mediapart , Novembre 2008

jeudi 27 novembre 2008

Pourquoi je quitte le PS (2)

Si les dégoûtés s'en vont, ne resteront plus que les dégoûtants.
Pierre Mauroy



Après Elisa Martin, élue municipale à St Martin d'Hères et démissionnaire du parti Socialiste, voici une lettre ouverte de Lucien Jay, militant de longue date au parti socialiste en isère et lui aussi démissionnaire .

En 2004, j’étais revenu au P.S., après une assez longue absence pensant que celui-ci pouvait retrouver les voies du socialisme. Pour un partage équitable des richesses, une lutte résolue contre la pauvreté et pour atténuer les désordres provoqués par les convulsions d’un marché fou, pour mettre des verrous sur les pratiques spéculatrices qui appauvrissent les population les plus vulnérables, pour la construction d’une Europe sociale (tout au moins la volonté de mettre celle-ci en avant)… et des visions et prévisions environnementales pour un monde qui dans les prochaines années risque d’exploser…

J’ai souvent regretté le manque de formation et d’information à l‘intérieur du parti. L’abandon de grands principes comme le cumul des mandats… au principe qu’il faut être député maire, conseiller général etc, pour exister.… Puis, 2008 ! A quoi a-t-on assisté ? À la lutte frénétique en haut de l’appareil du parti, de femmes et d’hommes imbus d’eux-mêmes, capable de tout pour accéder au pouvoir. Et à la résignation de la plupart des élus socialistes rangés sagement derrière les bannières des uns ou des autres. J’ai même reçu 3 propositions de ceux-ci appelant à voter pour les motions principales. J’appelle cela un abus de pouvoir (ne suffisait-il pas d’indiquer ses préférences en tant que signataires des motions ?).

Et même dans la motion C que je soutenais, je n’ai pas trop apprécié que certains puissent « s’entendre comme cochons » avec ceux dont on critiquait, encore hier, la tiédeur… Combats de chefs, arrangements de dernière heure pour exister. Désistement public. Trop, c’est trop.

J’ai donc le regret de vous présenter ma démission du Parti Socialiste, vaisseau fantôme social démocrate, qui navigue en aveugle, et j’embarque sur une chaloupe, dans une aventure incertaine mais militante…

Vous n’entendrez pas de jugements de ma part sur, et contre, les femmes ou les hommes du parti socialiste. Sauf que je pourrai être amené à critiquer sévèrement les idées ou les actes, si je juge qu’ils sont de nature à dénaturer les idéaux socialistes auquel je suis attaché. "

Lucien Jay

jeudi 20 novembre 2008

Pourquoi je quitte le PS (1)


La Martinéroise Elisa Martin, 36 ans, conseillère régionale, suppléante du député Issindou, aurait pu se réjouir du bon score de Benoît Hamon. C'est tout le contraire. Car près de 20% pour la motion C, "ça veut dire plus de 80% pour le centre gauche". Dans ses conditions, elle a rendu sa carte. Et va participer à la construction du Parti de gauche. Explications.

Alors, ça y est, vous avez claqué la porte du Parti socialiste ?

Lundi soir, j'ai déposé ma lettre de démission du Parti socialiste dans la boîte aux lettres de la Fédération de l'Isère. J'étais au PS depuis quinze ans. Quinze ans, six congrès, toujours à gauche. C'est une décision mûrement réfléchie, tout sauf un coup de tête. Mais ça a été une très très grande tristesse. J'ai un pincement au coeur. Mais j'ai envie de dire que je vais où le devoir me commande.

Allons dans le vif du sujet: pourquoi ?

Les militants socialistes se sont exprimés. Ségolène Royal est arrivée en tête. L'autre enseignement, c'est que 80% du Parti socialiste, aujourd'hui, c'est le centre gauche. Centre gauche, ça veut dire qu'on met à distance le clivage gauche-droite et qu'on s'engage dans des accords avec le MoDem. Centre gauche, ça veut aussi dire qu'on ne cherche pas à répartir les richesses telles qu'elles sont, mais qu'on dit qu'il faut créer des richesses et ensuite les répartir. Centre gauche, enfin, ça veut dire qu'on ne cherche pas à desserrer l'étau de la construction d'une Europe libérale.

Donc vous, à partir de là...

La question, pour moi, était de savoir comment, demain, je pouvais être utile à la gauche. Est-ce que j'étais utile au PS ou en faisant autre chose? J'ai fait le bilan et lundi, j'ai choisi la seconde voie. En 15 ans, j'ai toujours été à la gauche du parti: j'ai fait la Gauche socialiste, Rassembler à gauche, Un monde d'avance... Le côté minorité de gauche, ça va, c'est bon, j'ai donné. Et j'ai bien vu que ça ne servait à rien, qu'on n'arrivait pas à faire bouger les orientations de ce parti qui, au contraire, dérive de l'autre côté.

Tous ceux qui ont signé la motion Hamon ne vont sans doute pas quitter le PS, loin de là. Vous le regrettez ?

Sur la motion C, on n'est pas tous sur la même analyse. Je respecte ce que décident les autres. Mais aujourd'hui, à la limite, ce n'est plus mon problème.

Et tout ça, c'est pour aller où ?


On a décidé, avec un certain nombre de camarades, de fonder le Parti de gauche, qui est un parti seulement de gauche, un parti républicain, laïc; écologiste, anti-capitaliste. Voilà notre identité politique. Rien ne vous étonne là-dedans, n'est-ce pas ? Tout cela, c'est ce qu'ont suscité Jean-Luc Mélenchon ou Marc Dolez...

On entend déjà certains dire: et encore un parti à gauche, et encore plus de division !

Notre volonté, c'est de construire ce Parti de gauche. La première étape, c'est un grand meeting à Paris, avec Oskar Lafontaine, le 29 novembre. Sans jouer les gros bras, en toute sincérité, on est déjà submergé de demandes pour participer à ce meeting. La deuxième étape sera le congrès de fondation de ce nouveau parti, le 7 février. Entre ces deux dates, on va travailler, discuter avec les hommes et les femmes qui ont envie de nous rejoindre, et pas qu'avec les socialistes, d'ailleurs. Le Parti de gauche, ce n'est pas le parti des ex. Nous, on n'est pas au Congrès de Reims, on est en campagne, là, tout de suite...

Mais comment l'unir, cette gauche de la gauche ?

Nous sommes profondement unitaires. Nous construisons un front, pour les élections européennes, avec ceux qui le souhaitent. Le PC a dit oui. On va continuer de discuter avec le NPA, dans le prolongement politique du non à l'Europe libérale.

Vous sentez-vous toujours socialiste ?

Philosophiquement, oui, bien sûr. En tout cas, je ne suis devenue ni trotskiste ni communiste.

mercredi 19 novembre 2008

Neuilly, Vichy, Drancy (2/2)

Texte de la lettre envoyée en nom collectif au Procureur de la République et au Préfet de l' Isère, à la suite des contrôles policiers en gare routière de Grenoble le 3 novembre dernier. (voir post du 5.11.2008)

Lettre ouverte au Procuteur de la République


Objet : Vive protestation relative au contrôle collectif et systématique d’identité d’une cinquantaine de personnes en gare routière de Grenoble le lundi 3 novembre 2008 à 13H


Monsieur le Procureur de la République,

Le 3 novembre 2008, notre association 1901, qui a pour objectif d’appuyer les droits et la dignité des étrangers demandeurs d’asile ou de séjour et « sans papiers », et qui avait affrété un car de la société GRINDLER en vue de participer pacifiquement et démocratiquement au Contre-Sommet prévu à Vichy, en réaction au Sommet européen qui se déroulait dans la même ville les 3 et 4 novembre sur la politique migratoire en Europe, était en train de faire monter dans le car une cinquantaine de personnes. Précisons que cette décision de nous rendre à Vichy avait été prise avec le soutien de nombreuses organisations associatives, syndicales et politiques qui apparaissent comme signataires de cette lettre.

Tout à coup, à 13H, une vingtaine de membres de la police nationale –et plus loin, à une vingtaine de mètres- une dizaine de membres de la BAC - ont « imposé » un contrôle d’identité à toutes les personnes candidates au voyage : relevé du nom et du prénom, du n° de la carte d’identité, de l’adresse. Par ailleurs un film vidéo a été réalisé en continu par un policier à l’extérieur du car, ce qui constitue une violation caractérisée de l’intégrité et de la vie privée des personnes. Madame la commissaire chargée de conduire cette opération a clairement précisé que le car ne pourrait partir tant que toutes les personnes sans exception ne se seraient pas soumises à un tel contrôle. Renseignement pris : il semblerait qu’un tel contrôle systématique et collectif, en ville, n’est possible que sur réquisition du Procureur de la République (ou commission rogatoire). Nous nous permettons de vous poser la question, Monsieur le Procureur : est-ce exact ? Si oui, sur quelles bases, sur quels fondements avez vous arrêté cette réquisition ? Sinon, un tel contrôle était-il légal ?

Quoi qu’il en soit, au-delà de ces considérations formelles, nous tenons à émettre une protestation solennelle au nom de toutes les personnes concernées mais aussi des milliers de citoyens et citoyennes isérois que représentent nos organisations associatives, syndicales et politiques signataires de cette lettre. Il s’agit là d’une atteinte caractérisée et totalement disproportionnée à la liberté individuelle et collective de manifester et d’exprimer démocratiquement nos opinions et nos valeurs. C’est la première fois, depuis une vingtaine d’années, que des citoyens et des citoyennes sont ainsi l’objet et victimes d’un tel contrôle au départ en car pour un déplacement en vue de participer à une manifestation déclarée en bonne et due forme. Il s’agit manifestement en l’occurrence d’une tentative d’intimidation voire de criminalisation à l’encontre de citoyens opposants à une certaine politique.

Nous vous saurons gré, Monsieur le Procureur de la République, de nous envoyer tous éclaicissements relatifs à cette grande et triste première qui a profondément traumatisé et révolté les hommes et les femmes littéralement contrôlés et« fichés » avant de participer à une démarche citoyenne . Nous voulons croire qu’une telle procédure, attentatoire selon nous aux libertés démocratiques, ne se reproduira plus. Une initiative liberticide que nous dénonçons, encore une fois, avec la plus grande énergie.

Veuillez croire, Monsieur le Procureur, à l’expression de nos salutations associatives et citoyennes.

Signataires : Afric’Impact- ADES- Alternatifs (Les)- Alternative à gauche-Isère- Antigone- APARDAP (Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de Protection)- Arrière Cour- ATTAC Isère- CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde)- Centre d’Information Inter-Peuples- Collectif de soutien aux réfugiés politiques algériens- Coordination iséroise de soutien aux sans papiers- CUAD38 (Collectif unitaire anti-délation)- CURAR- FAL 38 ( France Amérique Latine)- GCIF ( Groupe Chrétiens Immigrés Français)- FSU- JRCF- Iran solidarité- Ligue des Droits de l’Homme- Ligue pour la défense des droits de l’homme en Iran- LIFPL (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté)- LCR- Maroc solidarités citoyennes- Pastorale des Migrants- Lutte ouvrière- PCF Isère- PCOF- PRCF- PS Isère- SOLEX (Solidarité Expulsions)- Solidaires- Sud Education- Syndicat multiprofessionnel des travailleurs sans papiers- UD CGT Isère- Verts Isère

Secrétariat référent (pour toute correspondance) : Coordination iséroise de soutien aux sans papiers- c/° CIIP- Maison des Associations- 6 bis, rue Berthe de Boissieux-38000- Grenoble

mercredi 5 novembre 2008

Neuilly Vichy Drancy (1/2)


Caro, une jeune grenobloise, participait au contre-sommet sur l'intégration à Vichy le 3 novembre. Voici son récit de la journée, contrôles compris.

Arrivée à la gare routière de Grenoble, on ne voit que du bleu: les quais d'accès aux cars étaient barrés par un filtrage policier. Tous les voyageurs devaient passer un par un en présentant une pièce d'identité. C'était long, des gens, qui n'allaient pas à Vichy, ont même raté leur bus.

En arrivant devant notre car, surprise, pour monter, il fallait re-présenter une pièce d'identité et des flics prenaient les noms. Nous ne voulions pas, mais une jeune commissaire (blonde et mignonne, d'ailleurs) nous montre une réquisition du procureur. On s'y plie. J'étais sure que les flics n'avaient pas le droit de le faire, mais, n'étant pas juriste, je ne connaissais pas les articles de loi pour nous opposer au fichage. Les lyonnais avait un juriste avec eux et ont pu le refuser.

Quatre sans-papiers avaient pu monter dans le car avant le filtrage des flics et s'étaient assis au fond. Une fois que tout le monde était installé, plusieurs policiers sont montés pour re-contrôler et ont voulu les faire descendre. Mais quelques malabars de la CGT se sont opposés et finalement les flics sont redescendus.

A cinq kilomètres de Vichy, contrôle des soutes et cars bloqués

Vingt policiers pour un car de cinquante personnes. Sommes-nous considérés comme de dangereux terroristes? Départ avec trente-cinq minutes de retard. A cinq kilomètres de Vichy, cette fois, ce sont les gendarmes qui font signe au chauffeur de se garer. Contrôle du car et des soutes: un quart d'heure.

En arrivant, nous apprenons que sur les vingt cars attendus, même pas la moitié a pu arriver. Les trains ont été bloqués bien avant la ville, si bien que les gens n'ont pu venir jusqu'à Vichy. Les voitures et les passagers étaient contrôlés. Bref, peu de monde, mais ce n'est pas étonnant.

Sur la manif elle-même: devant, les partis et syndicats avec drapeau, en tête, une banderole unitaire (sans logos) de soutien aux sans-papiers. Les Grenoblois étaient en fin de cortège, avec leur banderole et quelques panneaux humoristiques… On a vu à un moment de belles lueurs rouges. Arrêt, puis la rue se remplit de fumée âcre. Demi-tour, des gens tombent par terre, ne pouvant plus respirer, les collègues les remettent vite fait debout et les emmènent. Ça tousse, ça pleure dans tous les coins, le "serum phy" circule, ainsi que les bouteille d'eau (pas de Vichy).

Une grenade entre dans un appartement par la fenêtre

Incompréhension totale, la manif était autorisée. Les flics font des concours à qui tirera le plus loin dans la foule. Une grenade entre direct dans un appartement par une fenêtre ouverte. Les vieux de la vieille empêchent la panique en calmant les manifestants.

Essai de regroupement avec la tête du cortège qui était passée par une rue adjacente et décision de se rendre au meeting. Les flics continuent à canarder… C'était la partie "remise en forme", ou comment réapprendre à courir à des personnes âgées, à des personnes asthmatiques, à des parents avec enfants et parfois poussettes…

Meeting encerclé, évacuation anticipée

Au meeting: sur l'estrade, des représentants associatifs, politiques essayent de parler dans les cris "libérons nos camarades". La sirène d'évacuation retentit à plusieurs reprises, personne ne bouge. Ceux qui entrent expliquent ce qu'il se passe dehors. La salle est encerclée. Les organisateurs vont négocier la sortie. Celle-ci a lieu, bien avant la fin prévue. Nous regagnons le car en passant devant une haie de robocops harnachés et les voitures des pompiers arrivant pour éteindre les incendies de poubelles.

Huit cents policiers pour empêcher la libre expression d'une manif autorisée! C'est beau et démocratique, la France sous Sarkozy! Tout ce que le gouvernement arrive à faire, c'est rendre l'opposition de plus en plus violente, il ne nous fera pas taire! L'intégration, thème de cette réunion des vingt-sept ministres européens en charge de l'immigration, c'est d'abord intégrer les immigrés qui vivent déjà en France, qui y travaillent (80% des expulsés ont, ou plutôt avaient, un travail), ils sont déjà intégrés, pourquoi ne pas les autoriser à rester?

Pourquoi privilégier l'immigration choisie au risque de dépeupler les pays émergents de leurs travailleurs? Pourquoi continuer à refuser les demandes d'asile de ceux qui risquent gros en retournant dans leur pays d'origine? J'aurais bien quelques réponses… mais elles ne sont pas "dans la ligne"…

lundi 13 octobre 2008

Philippe LECAT, coach de choc au Medef-Isère

Un article de Gérard Filoche reproduit avec son aimable autorisation
paru dans le numéro 5 de SINE-HEBDO du mercredi 5 octobre 2008.

L'ETHIQUE DU MEDEF-UIMM, UNE OPERATION DE COACHING ANTISYNDICALE

On nous rabâche que les syndicats sont faibles dans ce pays, surtout dans le privé. Mais jamais on ne pointe du doigt les raisons : c'est le fruit d'une chasse quotidienne, féroce, généralisée de la part du patronat. Banni, traqué, le syndicalisme est mal vu. C'est une preuve admirable d'héroïsme que d'oser défendre ses droits en se syndiquant. On risque le placard, l'isolement, une mauvaise carrière, la discrimination, voire la porte. Et le syndicat, s'il est combatif, devient une cible.
Ainsi, dans cette entreprise du Sud-Est, Nextira One (ex-Alcatel), la direction s'était proposé d'informer son personnel de "la vacuité de l'action de la CGT", afin d'obtenir "une désaffection de son électorat aux élections", de "faciliter l'émergence d'une représentativité syndicale constructive" et de "soutenir les vocations auprès de la CGC". Un des buts était de "négocier les changements d'organisation et l'application des 35 heures".

Au mépris de l'article L 412-2, al.3 du code pénal qui dispose que "le chef d'entrprise ou ses représentants ne doivent employer aucun moyen de pression en faveur ou à l'encontre d'une organisation syndicale quelconque", le patron de Nextira One, Richard Cordonnier engage un consultant en 2002. Celui-ci, Philippe Lecat (tarif journalier 1250 euros hors frais de déplacement) est chargé d'une "opération de coaching" visant une CGT jugée trop "puissante" et "deux ou trois élus posant problème".

Que voulez-vous, il y a toujours des "moutons noirs" dont il faut se débarrasser, en "canalisant l'énergie syndicale", en "dialogant avec les non-syndiqués",etc. Mais Cordonnier et Lecat ont commis l'erreur d'écrire noir sur blanc le contrat qui décrivait leurs mauvaises intentions : il y a eu une fuite, ils ont été condamnés pour discrimination et complicité de discrimination, en avril 2005 (premier jugement), en février 2007 (appel) et le 2 septembre 2008, la Cour de cassation a rejeté leur pourvoi.

Ouf, dira-t-on, quand même, de temps en temps, dans ce pays, un patron et son complice pris la main dans le sac sont condamnés !

Mais ce n'est pas fini : Philippe Lecat était conseiller prud'hommal, côté patronal (UIMM-Medef), à Grenoble depuis 2005. Pas du genre juge impartial. Non. "il avait une attitude de blocage systématique antisalariés, même sur des questions qui ne prêtaient pas à contestation", explique Jean-Pierre Iruela, président de la "section industrie" : " Il lui est arrivé de refuser d'appliquer des règles de base de droit quand elles profitaient au salarié."

Est-il logique que l' UDIMEC, branche locale de l' UIMM, après avoir pris un "avis technique" de se ses "experts nationaux" (les amis de Denis Gauthier Sauvagnac, ceux aux caisses noires, à l'argent sale) représente Philippe Lecat sur ses listes, aux prochaines élections prud'hommales, le 3 décembre prochain ? Un condamné pour complicité de discrimination peut-il juger des affaires de...discrimination ?
Le conseil des prud'hommes a posé la question au procureur de la République et au premier président de la cour d'appel de Grenoble.

"L'éthique appellerait à ce que cette personne ait le bon sens de se retirer"... Lecat ne veut pas démissionner. Le Medef-Isère va-t-il oser le maintenir sur ses listes qui doivent être déposées le 18 octobre 2008 prochain ? Il prétend que "d'un point de vue juridique, il n'y a pas incompatibilité".

L'éthique du Medef-UIMM laisse décidément à désirer.
G.F

Sur les condamnations de Cordonnier et Lecat, confirmées par la cour de cassation, voir :
Le plan d'action était bien discriminatoire - L' Humanité - 25 septembre 2008.
Du riffi aux prud'hommes de Grenoble - L'Humanité - 22 avril 2008.

jeudi 2 octobre 2008

Présidentielles américaines 2008

A retenir, la phrase de Lou Warren, qui vient de perdre son poste d’ouvrier fixant des sièges sur des tondeuses à gazon, en raison de la délocalisation de son entreprise en Equateur :

“Mon grand-père avait un boulot de merde, mon père avait un boulot de merde, je voudrais un président qui garantit que mon fils aura un boulot de merde ».

lundi 22 septembre 2008

Le stade sénile du capitalisme


” Alors que le modèle capitaliste s’enfonce de manière de plus en plus évidente dans une crise structurelle majeure (et non conjoncturelle comme on tente de nous le vendre), alors que la pauvreté et les inégalités explosent sous le joug de la dictature du profit à tout prix, alors que les machines financières se sont emballées hors de tout contrôle et réclament pourtant de moins en moins de règles et de contraintes comme remède au chaos, l’étau de la société de contrôle se referme inexorablement sur les citoyens dans un régime qui banalise le délit d’opinion, le crime de lèse-majesté et la culpabilité a priori, dans le règne absolu de l’arbitraire et du soupçon.”

En quelques mots (presque) tout est dit.

Ce n'est pas du Deleuze mais ça y ressemble très fort. C'est tiré du Monolecte, le blog au féminin d' Agnès Maillard, à découvrir et fréquenter sans modération...

vendredi 5 septembre 2008

mercredi 3 septembre 2008

Le serpent Alpin

Ou le saccage du territoire des Allobroges


Auriez-vous envie de vivre dans une ville de plus de 200 km de long et de deux millions d’habitants ? De travailler à Crolles et de faire vos courses à Genève en habitant à Albertville ?
Ceci n’est pas de la science-fiction mais un projet en cours nommé « Sillon Alpin » qui doit aboutir en 2020.
...

Ainsi débute cet essai passionnant, brillant, alarmiste et militant signé Pierre Mazet, qu' on lira avec beaucoup d'intérêt. Cliquez sur le titre du message (et pas celui sur la photo) pour le lire en ligne.

Publié sur le web par Infokiosques, où il est disponible gratuitement au téléchargement et photocopiable à loisir, conformément à la philosophie du réseau anarchiste.

On peut aussi le commander format papier chez BlackStar Editions (Grenoble - St Etienne)

mardi 12 août 2008

Travailleurs sociaux, quelques idées pour faire enfin du bon boulot

par le Collectif rto

Réferents RMI, assistantes sociales de quartier ou de la CAF, vous aviez choisi ce boulot parce que bêtement vous vouliez aider les gens.
Pourtant, depuis un sacré bout de temps, lorsque votre usager ferme la porte du bureau, vous avez comme un sale gout dans la bouche.
Pour être franc, vous avez comme l’impression que vous ne l’aidez pas tellement. Lui trouver un logement ? Impossible.
Empêcher son expulsion pour une dette de loyer ? Une demande de FSL est en cours, mais la prochaine commission est dans deux mois...
Débloquer un peu de fric pour finir le mois ? le budget est épuisé, à part deux bons alimentaires qui traînaient et un dossier à remplir pour le vestiaire d’Emmaus...
Bon, vous essayez de vous réconforter en pensant aux boulots que vous avez permis de décrocher ?
Un CDD de deux mois au Monoprix du coin, grâce au plan d’insertion élaboré par le Medef et la mairie, un emploi aidé , sans oublier bien sûr les temps partiels de douze heures au Smic horaire à la régie de quartier.

Le problème, et ce que vous n’avez pas osé dire aux usagers, c’est que vous avez calculé leur revenu futur, ils vont gagner à peine cent euros de plus qu’au chômage
Ce qui vous ennuie aussi, ce sont tous ces dossiers à remplir pour informer la mairie, l’aide sociale à l’enfance de la vie de votre usager.

Ce qui vous ennuie encore plus, c’est que vous ne comptez plus les usagers qui vous ont traité d’incapable, de collabo, et ceux peut-être encore plus décourageants qui vous disent oui pendant une heure, signent sans broncher n’importe quel contrat d’insertion et dont vous avez la désagréable impression qu’ils vous emmerdent en silence.

Mais que faire ? La grève ? Vous l’avez déjà faite l’année dernière mais non seulement la direction s’en foutait, mais en plus les usagers ont failli vous lyncher pour les rendez-vous manqués.

Heureusement vos usagers pensent à vous, vous aiment et vous comprennent. Nous autres Rmistes et autres, ne pouvons pas faire grève pour résister aux contrôles et aux pressions, ni pour augmenter notre revenu. Nous avons donc élaboré quelques autres moyens de lutte que nous vous révélons ici, mélange d’astuce et de solidarité.

A vous de jouer !!!!

- La grève du zèle : Il s’agit d’appliquer à la lettre les possibilités offertes par la loi et le contenu de votre contrat de travail. Pour vos supérieurs, cela peut vite devenir désastreux.

Exemple 1: Il existe dans chaque conseil Général des accords collectifs, qui consistent à réserver à certains usagers des logements sociaux. Il faut constituer un dossier que vous transmettez ensuite à une commission. Théoriquement ces accords peuvent concerner beaucoup de monde, mais vu le petit nombre de logements que les bailleurs et les mairies consentent à mettre sur le marché, on vous demande plus ou moins officieusement de limiter le nombre de demandes. Oh là là, mais c’est très arbitraire tout ça. Donc soyez neutres, et faites systématiquement les dossiers. Vous obligerez ainsi les représentants des bailleurs et les élus à passer des heures et des heures en commission . Bien sûr vous aurez informé vos usagers de QUI siège dans ces commissions et QUI refuse les logements.

Exemple 2: Ce n’est pas vous qui déterminez les budgets du fonds solidarité logement, des aides financières d’urgence, du fonds EDF. Pourquoi ce serait à vous de gérer la pénurie ? Au contraire informez systématiquement les usagers de leur droit, faites leur remplir des demandes, encore et tout le temps.

- N’assumez que vos responsabilités propres : vous, les trois quarts du temps, vous ne faites que remplir les dossiers. Ensuite, c’est une commission ou vos supérieurs qui prennent la décision. Résultat, quand celle-ci est injuste ou inadaptée, qui prend tout en pleine poire ? Vous. Perdez vos mauvais réflexes : appelez systématiquement votre direction dès qu’un usager est mécontent, et passez-le lui au téléphone, ou mieux emmenez-le dans le bureau de votre supérieur.

- Vous n’êtes pas un bureau de placement, vous êtes un travailleur social : de plus en plus, on vous bassine en réunion avec l’insertion professionelle. Tous les mois, on vous présente tel ou tel stage bidon que vous êtes censé conseiller à vos usagers, tel ou tel type de contrats aidés à placer. Mais vos usagers Rmistes sont en mauvaise santé, ont des problèmes de logement, de formation et franchement vous vous trouvez un peu à côté de la plaque avec stages de remobilisation dont la seule brochure de présentation a suffi à vous donner le bourdon, alors vous n’imaginez même pas le résultat du stage lui-même sur l’usager.

Mais au fait la loi sur le RMI prévoit que l’allocataire peut signer uniquement sur l’insertion sociale ? Eh bien proposez à tous vos allocataires des contrats sur ce thème et défendez la reconduction tant que la situation sociale ne s’est pas arrangée. C’est la loi, non ?

- Personne ne voit ce que vous faites dans votre bureau : franchement, convoquer des allocataires pour leur répéter les discours de l’institution, ça vous fait autant chier qu’eux ? Eh bien si vous êtes obligé de les convoquer, vous n’êtes pas obligé de les harceler. Et si au lieu de leur poser sans arrêt les mêmes questions ( alors, qu’est ce qu’on a fait ce mois ci pour trouver du boulot ?..), vous en profitiez pour les informer de leurs droits ? Sachez-le, l’ambiance est telle que la plupart d’entre nous n’osent plus rien demander à moins d’une urgence vitale, de peur d'être catalogués comme assistés.

- Prenez vos responsabilités : ils veulent vous forcer à contrôler, c’est à vous qu’on demande de signaler l’absent à la convocation ? Franchement qu’est ce qui est le plus grave, mentir et déclarer la personne présente, ou la priver de revenu alors que savez très bien qu’elle est déjà dans la merde et qu’en plus vous n’aviez pas tant de choses que ça à lui proposer pour s’en sortir ?

- Brisez le silence : Oui d’accord, il y a le secret professionnel. Mais enfin, personne, pas même votre inquisitrice de directrice ne pourra soupçonner que derrière " super référent " qui témoigne de ce qui se passe dans tel ou tel service sur notre site , ou " sauveur des assistés " qui envoie plein de conseils sur un forum de chômeurs", se cache Monsieur Boudu, référent parmi d’autres au CCAS du coin.

Oui, mais si je suis tout seul à faire ça, ça ne changera rien pour les usagers ?

Ca changera déjà les choses pour vous, qui ne serez plus tout à fait un petit maillon de la grande chaîne à précariser. Vous verrez aussi que vos usagers ne sont pas ces monstres agressifs et quémandeurs qui vous mettent tout sur le dos mais la plupart du temps des gens dont les problèmes ne sont pas très éloignés des vôtres.

Et puis êtes vous vraiment sûr d’être tous seuls ? Et si vous étiez nombreux à faire les mêmes constats et que ce qui vous manquait c’était les perspectives d’action ?

Collectif rto

lundi 7 juillet 2008

La blanche colombe et les aigles noirs

La libération d' Ingrid Bétancourt et treize autres otages détenus par les FARC en Colombie, à donné lieu à une gigantesque opération de propagande et de manipulation politico-médiatique. Inaudibles dans le fracas de ce rouleau-compresseur, des voix critiques et informées, se sont élevées. En voici deux, pour rappel du sort réservé au peuple colombien par un régime narco-mafieux appuyé par l'ensemble des diplomaties occidentales Il y en a d'autres.
NDLR: Les "aigles noirs" : nom sous lequel des groupes paramilitaires continuent de se livrer en toute impunité à des assassinats de paysans et de syndicalistes en Colombie.

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Editorial de "L 'étincelle", fraction publique de Lutte Ouvrière, France.

Avec la libération d’Ingrid Betancourt, on nous présente la Colombie du président Uribe comme une « démocratie modèle ».
On parle moins de la situation de la population colombienne.

Sur les 44 millions de Colombiens, 29 millions vivent dans l’extrême pauvreté. La faim touche plus de 5 millions de personnes. La moitié des Colombiens n'a pas l'eau potable et n'ont pas accès aux soins médicaux.

A la misère, il faut ajouter une véritable guerre civile qui dure depuis la terrible répression qui avait fait 400 000 morts suite au soulèvement populaire en 1948.

C'est face à cela que s'étaient constituées des armées de guérilla dans les campagnes, dont les FARC. De 2002 à 2004, durant les deux premières années du mandat du président actuel, Alvaro Uribe, on a compté 10 000 assassinats ou disparitions. Depuis le milieu des années 1990, se sont développées des bandes paramilitaires qui travaillent en étroite collaboration avec l'armée gouvernementale.

Ces paramilitaires sont aujourd'hui responsables de 76% des assassinats. Ils ont fait disparaître au moins 15 000 personnes et le pays compte 4 millions de déplacés. La répression s'exerce en priorité contre les militants. Plus de 2 500 syndicalistes en ont été victimes au point que l'Organisation Internationale du Travail a pu parler d'un « génocide syndical ». Depuis le début de cette année, 28 syndicalistes ont été assassinés.
La violence d’Etat est présentée comme une guerre contre le terrorisme et le trafic de drogue. Mais la terreur gouvernementale ne recule pas. Quant au trafic de drogue, il continue de prospérer. Il faut dire qu'Uribe a été lui-même lié aux narco-trafiquants : un rapport d'une agence gouvernementale américaine le présentait en 1991 comme « un politicien et sénateur colombien qui se consacre à la collaboration avec le cartel de Medellin à un haut niveau gouvernemental » !
Lié aux trafiquants, le régime d’Uribe est surtout à la botte des USA. C'est que l'Armée et les paramilitaires travaillent essentiellement pour les grandes compagnies américaines qui contrôlent toute l'économie du pays. C'est au compte des trusts de l'agro-alimentaire que les paramilitaires ont exproprié les paysans sur plus de 6 millions d'hectares de terres. C'est cela qui explique le « Plan Colombie », une aide militaire de 5 milliards de dollars lancée en 2000 par les USA.
La vraie libération pour les Colombiens, ce serait d'en finir avec cette société d'exploitation qui soumet les peuples aux trusts des grandes puissances, la Colombie et bien d'autres aux USA comme une partie de l'Afrique à la France. Mais cette libération-là ne pourra être que l'œuvre des travailleurs et des peuples eux-mêmes.

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Communiqué de la LCR

[...] On ne peut que se réjouir qu’Ingrid Bétancourt et une quinzaine d’autres otages soient enfin libres, partager la joie de ses enfants, de sa famille, de ses proches. Ceci dit, les souffrances qu’a pu endurer Ingrid Betancourt, la condamnation de la prise d’otage ne sauraient occulter la campagne d’intoxication engagée par Sarkozy avec la complicité active des médias et à laquelle se livre complaisamment Ingrid Betancourt. Cette dernière mène un combat politique avec ses amis, les Villepin, Sarkozy et autres. Dans ce combat, elle invoque dans un méli-mélo sentimental la « douce France », Dieu, Sarkozy et l’armée colombienne, mais elle oublie de parler des souffrances d’un peuple, le peuple colombien pris en otage par un régime dictatorial allié des Etats-Unis. Pas un mot des peuples victimes de la dictature des classes privilégiées sur le monde. Pas un mot de l’immense majorité de cette France qui se lève tôt et ne fait pas partie des privilégiés. Elle vante l’union nationale pour nous faire croire que nous sommes tous solidaires.

Uribe, le dictateur sanglant

Toute la presse fait aujourd’hui l’éloge du président et de l’armée colombienne qui ont réussi la libération des otages. La mise en scène de cette libération masque probablement des manoeuvres peu glorieuses, infiltration des Farc à la dérive et corruption de leurs chefs pris au piège de leur propre politique coupée du peuple. Cette armée colombienne est une armée de guerre civile. Uribe est le président de forces paramilitaires spécialistes de l’assassinat politique, faisant régner la terreur contre les opposants au régime en particuliers les militants syndicalistes. Ils ont à leur actif l’assassinat de 2500 syndicalistes, de plus de 5000 militants de l’Union patriotique, force d’opposition¸ la disparition de 15 000 opposants. Ils défendent les intérêts des grands propriétaires qui ont la main mise sur le pays et ses richesses. La dérive des Farc luttant pour leur propre survie offre à ces forces réactionnaires une victoire inespérée. Mais c’est bien ce régime que légitiment Ingrid Betancourt et ses amis politiques de droite.

[...]


Le 07/07/08

vendredi 20 juin 2008

La directive de la honte

Une lettre d' Evo Morales Ayma, Président de la République de Bolivie, au députés européens.




«Jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale, l'Europe était un continent d'émigrants. Des dizaines de millions d'Européens partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes et à la persécution des minorités ethniques.

Aujourd'hui, je suis avec préoccupation le processus de la dite "directive retour". Ce texte, validé le 5 juin dernier par les ministres de l'Intérieur des 27 pays de l'Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je percois qu'il durcit de manière drastique les conditions de détention et d'expulsion des migrants sans papiers, quelle qu'ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration.

Les Européens sont arrivés dans les pays d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, en masse, sans visa ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus, et le demeurent, dans nos pays du continent américain, qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l'Amérique. Comme par exemple dans le cas de notre Cerro Rico de Potosi et de ses fabuleuses mines qui donnèrent sa masse monétaire au continent européen entre le XVIème et le XIXème siècle. Les personnes, les biens, les droits des migrants européens furent toujours respectés.

Aujourd'hui, l'Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d'espace de prospérité et de libertés publiques. L'immense majorité des migrants viennent dans l'Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens.

Ils contribuent au dynamisme démographique du continent européen, à maintenir la relation entre actifs et inactifs qui rend possible les généreux systèmes de solidarité sociale et dynamisent le marché interne et la cohésion sociale. Les migrants offrent une solution aux problèmes démographiques et financiers de l'UE.

Pour nous, nos émigrants représentent l'aide au développement que les Européens ne nous donnent pas - vu que peu de pays atteignent réellement l'objectif minimum de 0,7% du PIB d'aide au développement. L'Amérique latine a recu, en 2006, 68 milliards de dollars de transferts financiers de ses émigrés, soit plus que le total des investissements étrangers dans nos pays.

Au niveau mondial, ces transferts atteignent 300 milliards de dollars, qui dépassent les 104 milliards de dollars octroyés au nom de l'aide au développement. Mon propre pays, la Bolivie, a recu plus de 10% de son PIB en transferts de fond des migrants (1,1 milliards de dollars), soit un tiers de nos exportations annuelles de gaz naturel.

Il apparaît que les flux de migration sont bénéfiques pour les Européens et, de manière marginale, aussi pour nous du Tiers-Monde, bien que nous perdions des millions de personnes qualifiées en lesquelles, d'une manière ou d'une autre, nos États, bien que pauvres, ont investi des ressources humaines et financières.

Il est regrettable que le projet de "directive retour" complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque État ou groupe d'États puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latinoaméricains.

La directive retour prévoit la possibilité d'un enfermement des migrants sans papier jusqu'à 18 mois avant leur expulsion - ou "éloignement" selon le terme de la directive. 18 mois ! Sans procès ni justice ! Tel qu'il est, le projet de directive viole clairement les articles 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. Et en particulier l'article 13 qui énonce : "1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays."

Et, pire que tout, il existe la possibilité d'emprisonner des mères de familles et des mineurs, sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des suicides.

Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latinoaméricains sans papier, dont l'immense majorité travaille et s'intègre depuis des années ? De quel côté est aujourd'hui le devoir d'ingérence humanitaire ? Où est la "liberté de circuler", la protection contre les emprisonnements arbitraires ?

Parallèlement, l'Union européenne tente de convainre la Communauté Andine des Nations (Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou) de signer un "Accord d'association" qui inclue en son troisième pilier un traité de libre-échange, de même nature et contenu que ceux qu'imposent les États-Unis. Nous subissons une intense pression de la Commission européenne pour accepter des conditions de profonde libéralisation pour le commerce, les services financiers, la propriété intellectuelle ou nos services publics.

De plus, au nom de la "protection juridique", on nous reproche notre processus de nationalisation de l'eau, du gaz et des télécommunications réalisés le Jour des travailleurs. Je demande, dans ce cas : où est la "sécurité juridique" pour nos femmes, adolescents, enfants et travailleurs qui recherchent un horizon meilleur en Europe ? Promouvoir d'un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu'en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement... Cela revient à nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques.

Dans ces conditions, si cette "directive retour" devait être approuvée, nous serions dans l'impossibilité éthique d'approfondir les négociations avec l'Union européenne et nous nous réservons le droit d'imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visas qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. Nous ne l'avions pas exercé jusqu'à maintenant, attendant justement des signaux positifs de l'UE.

Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles, connaissent d'importantes difficultés : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité alors qu'augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés.

Faire des migrants, qu'ils soient sans papier ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux, n'est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l'Europe ne sont pas la faute des migrants, sinon le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.

Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l'Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d'Europe, pour que ne soit pas approuvée le texte de la "directive retour".

Telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est une directive de la honte. J'appelle aussi l'Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l'Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l'énorme dette historique, économique et écologique que les pays d'Europe ont envers une grande partie du Tiers-Monde, et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l'Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd'hui dans vos "politiques d'intégration" comme vous avez échoué avec votre supposée "mission civilisatrice" du temps des colonies.

Recevez tous, autorités, eurodéputés, camarades, un fraternel salut depuis la Bolivie. Et en particulier notre solidarité envers tous les "clandestins".»


Evo Morales Ayma
Président de la République de Bolivie


NDLR : la directive Européenne dite "directive Retour" durcissant les conditions de détention des migrants hors UE a été adoptée au Parlement Européen

mercredi 18 juin 2008

Adieu au thon rouge de Méditerranée

Lu dans la presse : " Le Syndicat des thoniers méditerranéens, qui regroupe des professionnels français du secteur, a appelé ses adhérents à pêcher le thon rouge dès ce mardi minuit en Méditerranée malgré l'interdiction de la pêche décrétée par la Commission européenne.


Comme dit la chanson, quand on est thon on est thon.

samedi 10 mai 2008

Dany et Lazare


Ouf, les commémorations de Mai 68 sont bientôt finies. On en parlera plus jusqu'au jubilé. Bilan ? Des images, beaucoup d' images, par-dessus des témoignages d'anciens combattants, toujours les mêmes en moins nombreux. Vont quand même pas s'excuser d'être encore là... Les bon docus étaient très rares, et tardifs. Forcément.

Je la trouve vraiment énervante cette légèreté paresseuse de la presse qui continue d'affubler les Cohn-Bendit et consort du titre d' anciens combattants. Surtout l'année où, par un concours de circonstances, quelques semaine plus tôt expirait le poilu Lazare Ponticelli, le dernier vrai de vrai de la der des der, la pire de toutes.

Ca devait lui tirer un sourire, à Lazare, de voir ces gosses jouer au guerilléro dans les rues du quartier latin...

On retiendra essentiellement de mai 68, sans dissimuler un brin de nostalgie, que la machine à rêve tournait à plein régime au grand air, qu'eurodisney n'était encore qu'un champ de betteraves, que la bourgeoisie française se fit sa deuxième poussée d'angoisse en 32 ans -oh, vite surmontée. Et que ses rejetons en conçurent dès lors, ceci éclaire celà, une haine des pue-la-sueur aussi inextinguible que celle de leurs ancêtres après le Front Populaire.

Dans la foulée, les dominants en profitèrent pour congédier de Gaulle. Ils lancèrent un nouveau modèle de politiciens, et des dizaines de nouveaux modèles de bagnoles, tandis que le puissant parti communiste et la CGT réduisaient les dernières poches de résistance. S'ils avaient su, les prolos d'alors, qu'ils en reprenaient pour 40 ans, eux et leurs enfants...

Frayeur de quoi, de qui ? des rodomontades d'un Cohn-Bendit et d'un Séguy? des petits pavés estudiantins? Non bien sûr... L'événement était à Billancourt et dans les milliers d'entreprises qui comptèrent selon les sources de 7 à 10 millions de travailleurs en grève à travers le pays.

Pour vous faire une idée de l'état d'esprit qui régnait chez les dominants, je vous propose un document d'un niveau d'hystérie record. Il s'agit d'un reportage paru dans Paris-Match sous le titre "Grenoble, le campus de la peur" en juin 1971. Envoyé spécial à Grenoble, le pétulant pétainiste Georges Menant y brosse un tableau apocalyptique de la terreur que fait régner sur la ville une poignée de bandits maos enragés. Beyrouth à côté de Grenoble en juin 1971, c'est presque de la gnognotte.

Dûement tuyauté par ses copains du SAC, souvent des ex-OAS, encore très réactifs à l' époque, le plumitif en mission, qui ne manque pas d'humour, donne les noms, les lieux que fréquentent ces jeunes, avec une grande précision, comme au bon vieux temps de la collaboration.

C'est hallucinant.

Joyeux anniversaire !

pour télécharger les documents mentionnés par une icône ouvez la fenêtre en passant la souris dessus, cliquez sur "Scribd", puis sur l'icône "Download" dans la nouvelle fenêtre

mercredi 9 avril 2008

Des JO 2008 aux JO 2018...

(photo Gilles KUNTZ)
Communiqué de la Ville de Grenoble, 7 avril 2008

"En soutien au peuple tibétain opprimé par les autorités chinoises, Michel Destot, maire de Grenoble, et son conseil municipal, annoncent le retrait de leur candidature pour les Jeux Olympiques de 2018. "L'attitude de la communauté internationale, du Comité International Olympique et des sportifs lors de la violente répression chinoise au Tibet, à quelques mois des Jeux de Pékin, prouve que l'idéal olympique de fraternité et de solidarité est balayé par les enjeux économiques et la vanité des athlètes.
Grenoble, ville Résistante, condamne ce dévoiement et retire sa candidature pour les Jeux d'Hiver de 2018. Elle affirme par ce geste fort sa solidarité avec le peuple tibétain, et invite les autres villes candidates à suivre son exemple, afin de renouer avec les valeurs olympiques", ont déclaré Michel Destot et Stéphane Siebert, adjoint au Développement durable et aux Jeux Olympiques."



S'il est vrai que le drapeau tibétain a flotté quelques heures lundi 7 avril au fronton de l'hôtel de ville (voir dans quelles conditions ici) à l'occasion du passage en France de la flamme olympique, ce communiqué n' émane pas de la mairie et n'a hélas jamais existé.

Le faux communiqué, tout comme la substance de ce billet, sont l'oeuvre des spécialistes de la "technocaste" grenobloise Piecesetmaindoeuvre.com. On s'est contenté de le remanier en indiquant les sources disponibles en ligne, et en évitant la surcharge de sarcasmes qui ne fait qu'affaiblir le propos. Texte original ici.

En lecteurs assidus du blog de Mr le maire, ces spécialistes relèvent donc que, dans l'un des ses derniers billets, celui-ci accuse le Premier ministre chinois d'encourager "une frange radicale de la population tibétaine à s'élever contre le dalaï-lama et à user de la force", et déplore "ces manifestations violentes qui illustrent les frustrations d'un peuple laissé pour compte". ("Pour ne pas assister à une tragédie au Tibet").

On a bien lu et on retiendra, les yeux écarquillés, que Mr Destot reproche à la Chine d'exciter les populations tibétaines contre le Dalaï Lama....

Il n'y a pas dans cette analyse de quoi inquiéter les chefs d'entreprise isérois, qui ouvraient cette semaine à Inovallée un cycle de formation "Développer ses affaires avec la Chine". Tandis que SOITEC, la start-up du CEA, "part à la conquête de l'Empire du Milieu".

Le maire écrit aussi dans un autre billet : " Je suis convaincu en effet qu'une candidature française aux Jeux Olympiques serait une formidable opportunité pour la montagne française, confrontée à une concurrence mondiale en matière de développement sportif, économique et touristique." ("Les jeux olympiques dans les Alpes en 2018")

PMO en conclut, et nous avec, que "Les Tibétains et les opposants chinois au régime de Pékin devraient de toute urgence adhérer aux valeurs modernes de l'olympisme (lâcheté-affairisme-cynisme), et calmer cette "frange radicale" qui par sa violence obère nos "formidables opportunités"".


POST-SCRIPTUM: Le projet de VOEU DE SOUTIEN AU PEUPLE TIBETAIN présenté par le groupe Écologie et Solidarité - Verts, ADES, Alternatifs au dernier conseil municipal, puis renvoyé pour "travail en commissions " sera présenté à nouveau au prochain conseil municipal le 28 avril.
Qu'en restera-t-il à cette date ? That is the question. Raison de plus pour prendre connaissance du projet initial, et pour venir assister aux délibérations de la prochaine séance du conseil .

samedi 15 mars 2008

La Galaxie Carthweel

Outre d'écouter une étude de Bach (qui accompagnera très bien la visite dont je vais parler), ou d'admirer le ciel étoilé à l'oeil nu certains soirs d'été, ce qui s'avère de plus en plus difficile au ras des paquerettes, on peut désormais s'accorder une visite sur Google Sky (beta) quand un impérieux besoin de détente se fait sentir.

Sky est l'un des moyens, un de plus, pour échapper agréablement aux turpitudes de ce monde pendant les heures de bureau, tout en gardant les yeux ouverts. Un plan économique pour partir loin instantanément sans ouvrir le porte-monnaie.

L' édition web de Google Earth permet d' aller observer Carthwheel, et un bon nombre de ses consoeurs, ainsi que plein d'autres corps célestes inouïs planqués aux confins de l'Univers. La stratégie de l'activiste internet-planétaire numéro un est limpide : il s'agit de rendre inutile le plus possible l'installation de logiciels tiers pour accéder à ses services.

Entre Google et Micro$oft, son concurrent immédiat, la guerre des tuyaux se prolonge de fait jusque dans les étoiles.

Bonjour Mrs Carthwheel !

Google Sky c'est un peu, si tu veux, la Star Ac' version intergalactique. Le vide y est omniprésent mais très peuplé, (cent millions d'étoiles et deux cent millions de galaxies répertoriées), avec plein de lumières sur un fond noir profond, mais sans le son. Si tout est calme dans ton environnement immédiat, côté relaxation ça le fait.

Cartwheel est une charmante galaxie en anneau, rayonnante et chamarrée, distante de la Terre d'environ 400 années-lumières.

Son petit nom en français est "Roue de Charette". Les astrophysiciens aiment les noms à particules.

Je te laisse ses coordonnées : 0h 37mn 40.0s - 33° 42' 57.8

mercredi 20 février 2008

Affollement au Chateau

Titre relevé dans le Nouvel Observateur du 20.02.2008:

Wauquiez : Nicolas Sarkozy est victime du "terrorisme intellectuel" de l'opposition.

Le porte-parole du gouvernement accuse l'opposition d'être "dans une hystérie" et d'utiliser "les mots comme des bombes qui ont uniquement pour objectif de détruire" alors que le chef de l'Etat recule encore dans les sondages.

Terrorisée surtout par de mauvais sondages, la clique au pouvoir est d'abord victime de sa propre indigence intellectuelle .

De sorte qu'on sent poindre un peu de nervosité au Chateau, voire de l'affolement à l'approche des municipales.

L' opposition terroriste (sic) ne fait pourtant -très, très mal, et seulement en paroles- que son travail.

lundi 18 février 2008

Demorand et BHL souffletés

Il arrive que Nicolas Demorand, l'animateur insupportable qui sévit sur France-Inter de 7 à 9 h tous les matins, soit mouché en direct par un auditeur malin. L'intervention suivante ne vole pas très haut, certes, car il est impossible en effet de s'exprimer plus de trente secondes -même pour poser une question- sans que Demorand intervienne. Mais elle fait son effet, et ça nous a fait bien rire. Le 7 février 2008, le militant ouiouiste Demorand recevait donc l'imposteur Bernard-Henri Lévy pour la troisième fois en quatre mois. Coup double pour l'auditeur! Interloqué, son invité resta bouche bée. Ecoutez :


vendredi 15 février 2008

F. de Sans Nicolas, l'écologie pour les Nuls

Récemment, j' anticipais ici même les suites que la municipalité grenobloise actuelle pourrait envisager à sa campagne d'affiches "Zéro mégots sur l'espace public" après les élections...

J' imaginais des cendriers urbains sponsorisés par Decaux. Des objets en forme de vasque olympique, disposés à tous les coins de rue, ne seraient-ils pas du plus bel effet pour raffermir l'image sportive de la ville, et conforter sa candidature officielle aux J.O de 2018 ?

Surprise ! 5 jours après ce billet, sur son blog de campagne le candidat UMP à la mairie, Mr
Fabien de Sans Nicolas, prône à peu près la même solution, pour mieux déplorer "la détérioration du cadre de vie depuis une dizaine d'années". Et ceux qui n'y voient qu'un prétexte à polémique politicienne sont des médisants.

Pour rappel, la gauche et la droite locales sont toutes deux partisanes du projet "rocade Nord" de contournement autoroutier via le percement d'un tunnel sous la Bastille, et quelques solides aménagements annexes (tranchées le long de l' Isère, viaduc au-dessus des toits sur la presqu' île, échangeurs, etc) tout aussi essentiels à l'amélioration du cadre de vie des grenoblois.

C'est peut-être pour faire avancer ce dossier urgent que Mr Betto (UMP) et quelques uns des amis de
Fabien de Sans Nicolas ont quitté sa liste en janvier et rejoint la liste d'ouverture conduite par le maire sortant ?

jeudi 31 janvier 2008

Municipales : Michel DESTOT ou la gauche à l' encan

La vente à l'encan est l' ancienne expression française de vente aux enchères. Cette pratique remonte quasiment aux origines du petit commerce. Une phrase de Voltaire, rapportée du dictionnaire, l'illustre joliment : " La papauté était à l'encan (en 1034) , ainsi que presque tous les évêchés ".

En l'an de grâce 2007, la papauté dota sa fille ainée d' un nouveau chanoine d' honneur. Pour lui et ses nouveaux amis la France était une très belle affaire. Il fit de la gestion des affaires publiques comme des siennes, un spectacle permanent. Le spectacle de sa munificence décomplexée.
L'année suivante, les "municipium" étaient appelés à changer de mains. C'est l'occasion d' une curieuse pratique quinquennale, à laquelle la province reste, dit-on, fort attachée, et qui consiste à faire en sorte que chacune des parties du bon peuple de France, même la plus modeste, croie avoir voix au chapître pour nommer à leur tête le personnel dirigeant.

A bien y regarder cependant...

L' évêché de Grenoble, comté du Dauphiné, est un bon placement. Par lots ou en indivision, c'est selon. Cette dernière éventualité est assez rare ici. Elle se produisit pour la dernière fois, dit-on, en 1983. La décennie suivante fut florissante pour un petit nombre, mais assécha complètement les finances publiques.

Le premier magistrat actuel, homme du XXIème siècle épris de paix et de concorde, est entièrement tourné vers l'avenir. Entre patronage et haute technologie écocitoyenne, il sait accomplir des miracles. Ainsi, son troisième mandat réconciliera des grenoblois qui autrefois s'ignoraient, voire se combattaient. Quoi de plus grand, et de plus noble ? C'est beau comme un confiteor.

Et sur le champ de courses à la candidature, où les frimas le cèdent doucement au soleil, la lutte des places a fait rage, mais avec courtoisie et mesure. On put voir s'y presser par petites grappes, ici des notables emmitouflés, là, des notabliaux, enfin, un peu plus loin, leurs aspirants et commensaux cherchant les bonnes places en se frottant les mains, afin de lutter contre le froid. Des rond-de-cuir, des commerçants, des carabins, des capucins, des cornegidouille, des carabas, encore des commerçants. Mais peu de galibots. Et point de Carabots. Toute une faune qui fait de l'argent avec de l'entregent, ou cherche juste à se hisser à la table des mieux dotés. Quel tableau réjouissant pour les Voltaire en voyage.

samedi 19 janvier 2008

Zéro mégots, 100% démago

Clopeur grenoblois, le temps de l'insouciance dans les parcs et jardins, sur les places et dans la rue, eh ben, c'est terminé.

Tu es averti.

Prolongeant l'interdiction légale de fumer dans les lieux publics, ta municipalité affiche son soucis de préserver l'environnement des amas de mégots. Ainsi elle va plus loin que la loi en vigueur depuis le premier janvier 2008.

Elle ne fera pas les choses à moitié, elle, c'est pas comme tous ces dégonflés du gouvernement de droite.

Si si.

Dans un arrondissement entier de Tokyo, fumer dans la rue est totalement interdit, et vaut au contrevenant pris sur le fait une prune de 2000 yens.

La municipalité te donne une leçon de civisme, avertissement sans frais en prime. Peut-on parler de courage politique ? Heu... on ira pas jusque là.

Sa campagne d'affichage t'invite donc à ne plus prendre le trottoir pour un dépôt de mégots.

OK, dans la rue, débarrasse-toi de ton bout de clopon proprement, quand c'est possible. Mais tout de même, on s'interroge sur ce soudain excès de zèle hygiéniste, à l'heure où dans la France entière les accrocs du tabac ne peuvent plus s'adonner à leur passion que chez eux, ou dans des lieux publics et ouverts ?

Quelle sera la prochaine commande aux publicitaires amis des villes fleuries ?
Va-t-on voir apparaître une nouvelle ligne de cendriers urbains signés Decaux, et disposés à tous les coins de rue ?
Des cendriers urbains en forme de vasque olympique, avec une jolie griffe "JO 2018" dessus ?

Ca aurait de la gueule, non ?

Bah, c'est sûrement un effet de notre mauvais esprit. Après tout, il te reste la liberté de mâcher ce qui te plaît, et de fumer au volant, ou les deux, tout en continuant à prendre ta bagnole en ville pour aller chercher le pain. A condition de ne pas jeter ton mégot n'importe où.

Trève de persiflage, relisont posément le slogan disposé en haut de l'affiche municipale anticlopes dans un bandeau rose bonbon: "GRENOBLE VILLE PROPRE, VILLE DURABLE".
Sans chercher à trahir la novlangue officielle par une traduction approximative, ceci doit vouloir dire en clair que les villes sont faites pour durer.

Ca c'est de la communication écolo, coco, où je ne m'y connais pas.

lundi 7 janvier 2008

Les blogueuses de Gaza

A titre de voeux à la "blogosphère"

En ce début de l'année 2008, nous invitons celles et ceux qui comprennent l'anglais à découvrir les blogs de HEBA , YASMINE, LAILA, MONA. Toutes ces femmes vivent à Gaza (1).
Leurs blogs sont le seul lien qu'elles ont avec le monde.

1. Gaza est une bande de territoire palestinien intégralement sous contrôle israélien, entre terre et mer Méditerranée. Sa superficie est comparable au Haut-Grésivaudan, de Grenoble à Chapareillan, la moyenne d'âge des habitants de Gaza est l'une des plus faibles du monde, la densité de population et le taux de chômage sont les plus élevés du monde. En ce sens on peut dire que la bande de Gaza est la plus grande prison surpeuplée à ciel ouvert du monde.
Pour un état récent de la situation de la population à Gaza voir ce court article

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