samedi 10 mai 2008

Dany et Lazare


Ouf, les commémorations de Mai 68 sont bientôt finies. On en parlera plus jusqu'au jubilé. Bilan ? Des images, beaucoup d' images, par-dessus des témoignages d'anciens combattants, toujours les mêmes en moins nombreux. Vont quand même pas s'excuser d'être encore là... Les bon docus étaient très rares, et tardifs. Forcément.

Je la trouve vraiment énervante cette légèreté paresseuse de la presse qui continue d'affubler les Cohn-Bendit et consort du titre d' anciens combattants. Surtout l'année où, par un concours de circonstances, quelques semaine plus tôt expirait le poilu Lazare Ponticelli, le dernier vrai de vrai de la der des der, la pire de toutes.

Ca devait lui tirer un sourire, à Lazare, de voir ces gosses jouer au guerilléro dans les rues du quartier latin...

On retiendra essentiellement de mai 68, sans dissimuler un brin de nostalgie, que la machine à rêve tournait à plein régime au grand air, qu'eurodisney n'était encore qu'un champ de betteraves, que la bourgeoisie française se fit sa deuxième poussée d'angoisse en 32 ans -oh, vite surmontée. Et que ses rejetons en conçurent dès lors, ceci éclaire celà, une haine des pue-la-sueur aussi inextinguible que celle de leurs ancêtres après le Front Populaire.

Dans la foulée, les dominants en profitèrent pour congédier de Gaulle. Ils lancèrent un nouveau modèle de politiciens, et des dizaines de nouveaux modèles de bagnoles, tandis que le puissant parti communiste et la CGT réduisaient les dernières poches de résistance. S'ils avaient su, les prolos d'alors, qu'ils en reprenaient pour 40 ans, eux et leurs enfants...

Frayeur de quoi, de qui ? des rodomontades d'un Cohn-Bendit et d'un Séguy? des petits pavés estudiantins? Non bien sûr... L'événement était à Billancourt et dans les milliers d'entreprises qui comptèrent selon les sources de 7 à 10 millions de travailleurs en grève à travers le pays.

Pour vous faire une idée de l'état d'esprit qui régnait chez les dominants, je vous propose un document d'un niveau d'hystérie record. Il s'agit d'un reportage paru dans Paris-Match sous le titre "Grenoble, le campus de la peur" en juin 1971. Envoyé spécial à Grenoble, le pétulant pétainiste Georges Menant y brosse un tableau apocalyptique de la terreur que fait régner sur la ville une poignée de bandits maos enragés. Beyrouth à côté de Grenoble en juin 1971, c'est presque de la gnognotte.

Dûement tuyauté par ses copains du SAC, souvent des ex-OAS, encore très réactifs à l' époque, le plumitif en mission, qui ne manque pas d'humour, donne les noms, les lieux que fréquentent ces jeunes, avec une grande précision, comme au bon vieux temps de la collaboration.

C'est hallucinant.

Joyeux anniversaire !

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