lundi 7 juillet 2008

La blanche colombe et les aigles noirs

La libération d' Ingrid Bétancourt et treize autres otages détenus par les FARC en Colombie, à donné lieu à une gigantesque opération de propagande et de manipulation politico-médiatique. Inaudibles dans le fracas de ce rouleau-compresseur, des voix critiques et informées, se sont élevées. En voici deux, pour rappel du sort réservé au peuple colombien par un régime narco-mafieux appuyé par l'ensemble des diplomaties occidentales Il y en a d'autres.
NDLR: Les "aigles noirs" : nom sous lequel des groupes paramilitaires continuent de se livrer en toute impunité à des assassinats de paysans et de syndicalistes en Colombie.

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Editorial de "L 'étincelle", fraction publique de Lutte Ouvrière, France.

Avec la libération d’Ingrid Betancourt, on nous présente la Colombie du président Uribe comme une « démocratie modèle ».
On parle moins de la situation de la population colombienne.

Sur les 44 millions de Colombiens, 29 millions vivent dans l’extrême pauvreté. La faim touche plus de 5 millions de personnes. La moitié des Colombiens n'a pas l'eau potable et n'ont pas accès aux soins médicaux.

A la misère, il faut ajouter une véritable guerre civile qui dure depuis la terrible répression qui avait fait 400 000 morts suite au soulèvement populaire en 1948.

C'est face à cela que s'étaient constituées des armées de guérilla dans les campagnes, dont les FARC. De 2002 à 2004, durant les deux premières années du mandat du président actuel, Alvaro Uribe, on a compté 10 000 assassinats ou disparitions. Depuis le milieu des années 1990, se sont développées des bandes paramilitaires qui travaillent en étroite collaboration avec l'armée gouvernementale.

Ces paramilitaires sont aujourd'hui responsables de 76% des assassinats. Ils ont fait disparaître au moins 15 000 personnes et le pays compte 4 millions de déplacés. La répression s'exerce en priorité contre les militants. Plus de 2 500 syndicalistes en ont été victimes au point que l'Organisation Internationale du Travail a pu parler d'un « génocide syndical ». Depuis le début de cette année, 28 syndicalistes ont été assassinés.
La violence d’Etat est présentée comme une guerre contre le terrorisme et le trafic de drogue. Mais la terreur gouvernementale ne recule pas. Quant au trafic de drogue, il continue de prospérer. Il faut dire qu'Uribe a été lui-même lié aux narco-trafiquants : un rapport d'une agence gouvernementale américaine le présentait en 1991 comme « un politicien et sénateur colombien qui se consacre à la collaboration avec le cartel de Medellin à un haut niveau gouvernemental » !
Lié aux trafiquants, le régime d’Uribe est surtout à la botte des USA. C'est que l'Armée et les paramilitaires travaillent essentiellement pour les grandes compagnies américaines qui contrôlent toute l'économie du pays. C'est au compte des trusts de l'agro-alimentaire que les paramilitaires ont exproprié les paysans sur plus de 6 millions d'hectares de terres. C'est cela qui explique le « Plan Colombie », une aide militaire de 5 milliards de dollars lancée en 2000 par les USA.
La vraie libération pour les Colombiens, ce serait d'en finir avec cette société d'exploitation qui soumet les peuples aux trusts des grandes puissances, la Colombie et bien d'autres aux USA comme une partie de l'Afrique à la France. Mais cette libération-là ne pourra être que l'œuvre des travailleurs et des peuples eux-mêmes.

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Communiqué de la LCR

[...] On ne peut que se réjouir qu’Ingrid Bétancourt et une quinzaine d’autres otages soient enfin libres, partager la joie de ses enfants, de sa famille, de ses proches. Ceci dit, les souffrances qu’a pu endurer Ingrid Betancourt, la condamnation de la prise d’otage ne sauraient occulter la campagne d’intoxication engagée par Sarkozy avec la complicité active des médias et à laquelle se livre complaisamment Ingrid Betancourt. Cette dernière mène un combat politique avec ses amis, les Villepin, Sarkozy et autres. Dans ce combat, elle invoque dans un méli-mélo sentimental la « douce France », Dieu, Sarkozy et l’armée colombienne, mais elle oublie de parler des souffrances d’un peuple, le peuple colombien pris en otage par un régime dictatorial allié des Etats-Unis. Pas un mot des peuples victimes de la dictature des classes privilégiées sur le monde. Pas un mot de l’immense majorité de cette France qui se lève tôt et ne fait pas partie des privilégiés. Elle vante l’union nationale pour nous faire croire que nous sommes tous solidaires.

Uribe, le dictateur sanglant

Toute la presse fait aujourd’hui l’éloge du président et de l’armée colombienne qui ont réussi la libération des otages. La mise en scène de cette libération masque probablement des manoeuvres peu glorieuses, infiltration des Farc à la dérive et corruption de leurs chefs pris au piège de leur propre politique coupée du peuple. Cette armée colombienne est une armée de guerre civile. Uribe est le président de forces paramilitaires spécialistes de l’assassinat politique, faisant régner la terreur contre les opposants au régime en particuliers les militants syndicalistes. Ils ont à leur actif l’assassinat de 2500 syndicalistes, de plus de 5000 militants de l’Union patriotique, force d’opposition¸ la disparition de 15 000 opposants. Ils défendent les intérêts des grands propriétaires qui ont la main mise sur le pays et ses richesses. La dérive des Farc luttant pour leur propre survie offre à ces forces réactionnaires une victoire inespérée. Mais c’est bien ce régime que légitiment Ingrid Betancourt et ses amis politiques de droite.

[...]


Le 07/07/08

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