lundi 13 octobre 2008

Philippe LECAT, coach de choc au Medef-Isère

Un article de Gérard Filoche reproduit avec son aimable autorisation
paru dans le numéro 5 de SINE-HEBDO du mercredi 5 octobre 2008.

L'ETHIQUE DU MEDEF-UIMM, UNE OPERATION DE COACHING ANTISYNDICALE

On nous rabâche que les syndicats sont faibles dans ce pays, surtout dans le privé. Mais jamais on ne pointe du doigt les raisons : c'est le fruit d'une chasse quotidienne, féroce, généralisée de la part du patronat. Banni, traqué, le syndicalisme est mal vu. C'est une preuve admirable d'héroïsme que d'oser défendre ses droits en se syndiquant. On risque le placard, l'isolement, une mauvaise carrière, la discrimination, voire la porte. Et le syndicat, s'il est combatif, devient une cible.
Ainsi, dans cette entreprise du Sud-Est, Nextira One (ex-Alcatel), la direction s'était proposé d'informer son personnel de "la vacuité de l'action de la CGT", afin d'obtenir "une désaffection de son électorat aux élections", de "faciliter l'émergence d'une représentativité syndicale constructive" et de "soutenir les vocations auprès de la CGC". Un des buts était de "négocier les changements d'organisation et l'application des 35 heures".

Au mépris de l'article L 412-2, al.3 du code pénal qui dispose que "le chef d'entrprise ou ses représentants ne doivent employer aucun moyen de pression en faveur ou à l'encontre d'une organisation syndicale quelconque", le patron de Nextira One, Richard Cordonnier engage un consultant en 2002. Celui-ci, Philippe Lecat (tarif journalier 1250 euros hors frais de déplacement) est chargé d'une "opération de coaching" visant une CGT jugée trop "puissante" et "deux ou trois élus posant problème".

Que voulez-vous, il y a toujours des "moutons noirs" dont il faut se débarrasser, en "canalisant l'énergie syndicale", en "dialogant avec les non-syndiqués",etc. Mais Cordonnier et Lecat ont commis l'erreur d'écrire noir sur blanc le contrat qui décrivait leurs mauvaises intentions : il y a eu une fuite, ils ont été condamnés pour discrimination et complicité de discrimination, en avril 2005 (premier jugement), en février 2007 (appel) et le 2 septembre 2008, la Cour de cassation a rejeté leur pourvoi.

Ouf, dira-t-on, quand même, de temps en temps, dans ce pays, un patron et son complice pris la main dans le sac sont condamnés !

Mais ce n'est pas fini : Philippe Lecat était conseiller prud'hommal, côté patronal (UIMM-Medef), à Grenoble depuis 2005. Pas du genre juge impartial. Non. "il avait une attitude de blocage systématique antisalariés, même sur des questions qui ne prêtaient pas à contestation", explique Jean-Pierre Iruela, président de la "section industrie" : " Il lui est arrivé de refuser d'appliquer des règles de base de droit quand elles profitaient au salarié."

Est-il logique que l' UDIMEC, branche locale de l' UIMM, après avoir pris un "avis technique" de se ses "experts nationaux" (les amis de Denis Gauthier Sauvagnac, ceux aux caisses noires, à l'argent sale) représente Philippe Lecat sur ses listes, aux prochaines élections prud'hommales, le 3 décembre prochain ? Un condamné pour complicité de discrimination peut-il juger des affaires de...discrimination ?
Le conseil des prud'hommes a posé la question au procureur de la République et au premier président de la cour d'appel de Grenoble.

"L'éthique appellerait à ce que cette personne ait le bon sens de se retirer"... Lecat ne veut pas démissionner. Le Medef-Isère va-t-il oser le maintenir sur ses listes qui doivent être déposées le 18 octobre 2008 prochain ? Il prétend que "d'un point de vue juridique, il n'y a pas incompatibilité".

L'éthique du Medef-UIMM laisse décidément à désirer.
G.F

Sur les condamnations de Cordonnier et Lecat, confirmées par la cour de cassation, voir :
Le plan d'action était bien discriminatoire - L' Humanité - 25 septembre 2008.
Du riffi aux prud'hommes de Grenoble - L'Humanité - 22 avril 2008.

jeudi 2 octobre 2008

Présidentielles américaines 2008

A retenir, la phrase de Lou Warren, qui vient de perdre son poste d’ouvrier fixant des sièges sur des tondeuses à gazon, en raison de la délocalisation de son entreprise en Equateur :

“Mon grand-père avait un boulot de merde, mon père avait un boulot de merde, je voudrais un président qui garantit que mon fils aura un boulot de merde ».

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