mercredi 29 avril 2009

Brève histoire du premier mai


D'où vient cette journée fériée et chômée ? Et que lire sur le premier mai ? L'article Wikipedia est honnête, mais fragmentaire, et le style "Lagarde et Michard" (scolaire et muséologique si vous préférez) en rebutera plus d'un.
Oui, les grandes pages de l'histoire du mouvement ouvrier s'écrivent à l'encre rouge, "rouge du sang de l'ouvrier" comme dit la chanson. Après un rapide passage en revue des ressources sur la question, on lui préfèrera donc celui-ci, déjà publié à cinq reprises sur le site Rouge-Midi.


LES « TROIS HUIT »

Ainsi s’appelle l’organe officiel d’organisation de la manifestation internationale du 1er Mai. Dans son édition de 1895, Jules Guesde explique ce qu’il faut entendre par ce qu’il appelle le jour social de huit heures : « Ce que nous revendiquons, c’est une loi qui interdise de faire travailler plus de huit heures par jour. » Autrement dit, huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures pour s’instruire et cultiver son corps.

Le décret du 2 mars 1848

Parce qu’« un travail manuel trop prolongé non seulement ruine la santé mais en l’empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l’homme », la IIe République par voie de décret réduit d’une heure la journée de travail. Elle passe à dix heures à Paris et à onze heures en province.
Sous la pression du patronat, ce décret est abrogé quelques mois plus tard, le 9 septembre 1848.

1868 : les huit heures aux États-Unis

Le gouvernement américain accorde, en 1868, la journée de huit heures à tous les journaliers, ouvriers, artisans, employés par l’administration fédérale.

1884 : congrès de l’American Federation of Labor

A l’occasion du IVe congrès de l’American Federation of Labor (AFL) qui se tient à Chicago en 1884, pour la première fois dans l’histoire du mouvement ouvrier est lancée l’idée d’organiser une manifestation un 1er mai afin d’aboutir à la journée de huit heures. Les congressistes de l’époque ambitionnent d’atteindre leur objectif le 1er mai 1886.

1886 : la grève de Chicago

Le 1er mai à Chicago éclate une grève. Elle sera suivie le 3 mai d’une manifestation des grévistes qui sera violemment réprimée par la police. Le bilan officiel des victimes sera de 6 morts et 50 blessés. Le lendemain au cours d’une grande manifestation de protestation une bombe est lancée contre les forces de police, lesquelles tirent sur la foule. Jamais le bilan exact des victimes ne sera communiqué. En revanche des militants seront par la suite arrêtés, condamnés sans preuve et exécutés.

1889 : le congrès de la IIe Internationale

C’est à Paris l’année même du premier centenaire de la Révolution française que blanquistes et guesdistes tiennent au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, le deuxième congrès de l’Internationale socialiste. Ce congrès décide qu’il sera « organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu’une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l’AFL, dans son congrès de décembre1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation. »

1891 : Fourmies

Dans une petite ville du nord de la France, une manifestation pacifique se rend en cortège à la mairie. La troupe, équipée des tout nouveaux fusils Lebel et Chassepot d’une portée de tir supérieure à deux kilomètres, tire à bout portant sur la foule. Parmi les morts, huit victimes ont moins de vingt et un ans, dont la jeune ouvrière Marie Blondeau et un jeune conscrit du nom d’Edouard Giloteaux. Habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, Marie Blondeau restera longtemps dans l’imagerie populaire comme une sorte de Vierge profane.

1919 : le traité de Versailles

La fin de la Première Guerre mondiale va sonner en deux temps l’avènement de la journée de huit heures. D’abord la loi du 23avril sur les huit heures est publiée au Journal officiel de la République française le 25avril. Ensuite, le 22 juin est signé (pour la France par Georges Clemenceau, par le président Wilson pour les États-Unis et par Llyod George pour la Grande-Bretagne) le traité de Versailles qui fixe dans son article 247 « l’adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n’a pas encore été obtenue ».

Dès lors les manifestations du 1er Mai porteront d’autres revendications que la journée de huit heures en particulier c’est lors de cette journée que s’exprimera la solidarité internationale, le refus des guerres et du racisme.

1926 : la revendication des congés payés

C’est sans aucun doute à l’occasion du congrès que tient la Cgt en 1926 (une partie de ses membres a fondé la Cgt Unitaire) qu’apparaît pour la première fois la revendication des congés payés pour tous les salariés (certaines professions les ont déjà obtenus). C’est également en 1926 que la Cgt prend position en faveur des assurances sociales. Une question qui n’avait rien de consensuel puisqu’à l’époque des syndicalistes étaient contre toute cotisation payée par les salariés.

1929 : la montée des périls en Allemagne

Dans l’histoire sociale et politique allemande, le 1er Mai 1929 restera marqué d’une pierre noire. Les manifestations sont interdites à Berlin par le préfet Zoot Giebel. Les manifestants passent outre l’interdiction. La répression sera sanglante. Elle fera trente-trois morts et deux cents blessés.


1936 : le 1er Mai du Front populaire


Dans l’histoire du 1er Mai l’année 1936 est certainement une des plus importantes. Plusieurs événements vont la marquer. D’abord dès le mois de mars se tient du 2 au 6 mars le congrès au cours duquel la Cgt se réunifie. Ensuite la manifestation du 1er Mai tombe deux jours avant les élections législatives qui vont porter au pouvoir les forces politiques du Front populaire. Enfin après un mouvement de grève mémorable sont signés en juin les accords de Matignon qui légalisent la semaine de quarante heures, les congés payés ainsi que les conventions collectives. L’année suivante le 1er Mai 1937 aura lieu sans doute la plus grande manifestation jamais organisée en France.

1941 : la fête du Travail

Si la notion de fête du Travail n’est pas une invention de la génération des années quarante, puisqu’on trouve cette formule sous la plume de Jules Guesde dès 1890, c’est bien le gouvernement de Vichy qui fait du 1er Mai 1941, par la loi Belin, un jour chômé et payé. Le 1er Mai devient « la fête du Travail et de la concorde nationale ». L’idée de légaliser cette journée de manifestation internationale sera reprise à la Libération mais avec un tout autre but que la promotion de l’ordre corporatiste.

1947 : journée chômée

En avril 1947, sur proposition du député socialiste Daniel Mayer et avec l’accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er Mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1er Mai ne sera pas assimilé à une fête légale.

1954 : les manifestations sont interdites

Alors que la guerre d’Indochine se termine pour les autorités françaises avec la partition du Vietnam, une autre guerre, une guerre sans nom commence en Algérie. Elle va durer huit ans. Dès lors les manifestations seront interdites dans Paris. Celle du 1er Mai 1954 se transformera en un rassemblement sur la pelouse de Reuilly.

1er mai 1968 à Paris

Il faudra attendre quinze ans pour qu’à l’initiative de la Cgt, à nouveau, le monde du travail se donne rendez-vous dans les rues de Paris pour défiler un 1er Mai. Le cortège -immense, on parle d’un million de manifestants - partira de la République pour se rendre à la Bastille symbole des libertés recouvrées.

1975 : la fin d’une guerre.

C’est la manifestation la plus importante de l’après mai 1968, et l'on fête aussi la fin de la guerre de Vietnam.

Depuis cette date les 1er mai n’ont pas failli à la tradition. Nous gardons tous en mémoire les manifestations énormes du 1er mai 2002, entre les 2 tours de la présidentielle, qui avait vu Le Pen présent au second tour.

samedi 25 avril 2009

Denis Bonzy et le pouvoir citoyen


Lu sur son blog cette analyse étonnante de Denis BONZY, élu libéral du canton de Vif - Isère et blogueur très actif, inspirée notamment par la lutte des salariés de Caterpillar. Extraits :

«La sortie de l'actuelle crise marquera la naissance de nouvelles situations dans des cadres multiples. L'imprévoyance des Gouvernements incapables de prédire l'arrivée de la crise va modifier significativement leur autorité. Nous sommes entrés dans une logique permanente de démocratie directe. Sur le plan Américain, Moveon.org a été la première structure à poser les jalons d'une telle évolution. Le pouvoir n'est plus à l'élu mais au citoyen à la condition que ce dernier ait conscience de ce transfert.
En trois semaines, les salariés de Caterpillar viennent de sortir du "politiquement correct" à trois reprises.
- 1) Ils refusent d'aller à l'Elysée. C'est un précédent considérable qui montre leur refus d'être enjolés par les "ors de la République" : 1er comportement atypique.
- 2) Ils appliquent la démocratie directe et le compromis n'est pas validé par la base. L'autonomie individuelle a fait son chemin et les "intermédiaires" ne "tiennent" plus leurs mandants : 2ème comportement atypique.
- 3) Ils refusent le referendum dans les locaux de la République (la Préfecture). Ce nouveau refus montre ou traduit l'impact désormais nul de toute proprosition notabilaire : 3ème situation atypique.

L'autonomie individuelle a effectué des progrès considérables ces dernières années.

Sur le plan politique, le scrutin de l'Ile de France au sein de l'UMP pour les régionales avec la victoire de Pécresse sur Karoutchi avait déjà traduit l'émancipation des militants sur les mots d'ordres de l'appareil. Sur le plan syndical, il en est de même. Le pouvoir est revenu à chaque citoyen. C'est une indiscutable avancée que de telles décisions de démocratie directe loin d'un politiquement correct qui a montré toutes ses limites sauf celles de la tromperie dans le temps

mardi 21 avril 2009

Les institutions européennes pour les nuls

Etant donné qu' à moins de deux mois de l'élection européenne, au lieu de faire leur boulot, les grands médias distraient le bon peuple à coups de faits divers saignants et de petites phrases politiciennes, il serait temps de réviser un peu...

Pour creuser la question: Elections européennes, mode d'emploi un bouquin de B.Cassen et L.Weber qui soulignent « la déconnexion générale entre les lieux de pouvoir européens et les espaces et individus affectés par leurs décisions, le Parlement jouant un rôle de bouche-trou et d’alibi démocratique en lieu et place des structures au sein desquelles les citoyens ont encore le sentiment (sans doute pour une part illusoire) de pouvoir intervenir, à savoir les structures nationales. » Pour matter les séances parlementaires hachées menu en vidéo : site du Parlement européen

mardi 14 avril 2009

STMicroelectronics champion de l’inégalité dans la répartition des richesses


STMicroelectronics, dont le capital est détenu à 13,75% par l’état Français, a un chiffre d’affaire annuel avoisinant les 10 milliards de dollars et possède plus de 2,2 milliards de dollars de Cash. STMicroelectronics est aussi une entreprise où des hommes sans scrupule s’enrichissent sur le dos de salariés qui créent les richesses. En haut c’est : 42 millions d’euros de rémunération annuelle pour 23 dirigeants, plusieurs centaines de millions d’euros de dividendes versées chaque année aux actionnaires… Qui a parlé de crise ? !!! Et en bas c’est : le non renouvellement des contrats CDD et intérim, des augmentations salariales gelées, du chômage partiel, des fériés désormais plus travaillés, plus aucune heures sup… Un pouvoir d’achat en crise !!!!

STMicroelectronics et l’argent public

Pour le site de Rousset (13), c’est 120 millions d’euros d’aides publiques entre 2003 et 2008 et des engagements non tenus en terme de création d’emploi. En 2009, ce sont encore 66 millions d’euros d’exonération de taxe professionnelle sans aucune contrepartie.

Pour le site de Crolles(38) c’est : 543 millions d’euros d’aides publiques entre 2002 et 2007, et en 2009 c’est 370 millions d’euros versés dans le cadre du programme Nano 2012 par l’état Français et le conseil général de l'Isère, avec le seul engagement de créer 650 emplois précaires.

STMicroelectronics précarise les salariés en chômage partiel

Les cadres en chômage partiel ne perdent pas d’argent, mais pour les autres, c’est une autre histoire… Leurs primes qui forment une part importante de leur revenu n’entrent pas dans le calcul des indemnités de chômage et les pertes peuvent ainsi aller de 100 à 450 euros. La direction, quant à elle, négocie avec l’état une convention qui doublera quasiment l’indemnisation qu’elle reçoit par heure chômée et par salarié, sans aucune obligation de la reverser. Sa seule proposition est un plafond de 15% de perte par semaines chômées… INSUFFISANT !!!! En contrepartie de cette convention et des millions d’euros d’aides publiques généreusement donnés, l’ Etat a le devoir d’obliger STMicroelectronics à rémunérer tous les salariés en chômage partiel à 100% et de revaloriser les salaires chaque année.

STMicroelectronics détruit l’emploi

Le plan de départ volontaire « GAMAE » n’est en fait qu’un plan social déguisé. Les organisations syndicales qui signent ce type d’accord devraient exiger que chaque départ d’un CDI soit remplacé par une nouvelle titularisation,au risque de voir l’emploi se précariser de plus en plus jusqu' à disparaître.

source : G38 + salariés de ST

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Contre le business des réseaux sociaux privatifs et leurs nuisances

Quatre ans après la première édition de ce texte en avril 2013 (!) les réseaux sociaux privatifs ont tout bouffé (dans l'espace pub...