mercredi 29 décembre 2010

Grenoble, labo anti-émeutes du Sarkozistan

Notre photo: à gauche le ministre, à droite sa copie
En matière d'activisme policier les grenoblois(e)s sont gâtés. Pour les fêtes, super-sheriff est venu¹ déposer dans les petits souliers une nouvelle unité  d'intervention rapide de sa composition, l' UMIR (voir dépêche ci-dessous).  Not'bon maire de plus en plus strauss-kahnien et de moins en moins socialiste Michel Destot applaudit sans réserves...
Vous avez aimé les fusillades de l'été 2010 ? vous adorerez la saison 2 de "Peur sur la ville" en 2011. Une production du ministère de l' Intérieur, avec le préfet Le Douaron à la réalisation. La France ressemble de plus en plus à un mauvais film de cow-boys...

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a inauguré jeudi une force de police et de gendarmerie inédite en France pour contrer les émeutes urbaines, l'Unité mixte d'intervention rapide (Umir), à Grenoble, transformé selon lui en "laboratoire" sécuritaire. 
"Vous êtes en quelque sorte un laboratoire. C'est la première, ça n'a jamais été fait ailleurs", a déclaré Brice Hortefeux lors d'une cérémonie sur le site d'entraînement de l'Umir, une base désaffectée de l'armée dans la banlieue grenobloise. "Si à l'usage vous avez de bons résultats, ce dont je ne doute pas, cela sera très vraisemblablement étendu à d'autres collectivités", a ajouté le ministre de l'Intérieur, sans préciser les villes concernées par ce projet.  (...)
L'Umir expérimentée à Grenoble est composée de 37 policiers et gendarmes, dont des membres des brigades canines et anti-criminalité (BAC). Cette brigade inédite en France, qui doit pouvoir intervenir en moins d'une heure, a débuté ses entraînements depuis plusieurs semaines. Cette unité départementale destinée à intervenir en cas d'émeutes urbaines .../...
(AFP / 23 déc 2010  - 11h45)

(¹) c'est la cinquième fois depuis qu'il est en fonction.

samedi 18 décembre 2010

Le mouton noir de Jean-Jack Queyranne

Armand Creus
 "L'acte majeur d'une opposition politique passe par ce moment budgétaire"
J.Safar (PS), clôture du débat sur le budget primitif

Le Conseiller Régional Rhône-Alpes Front de Gauche Armand Creus s'est abstenu vendredi 17 décembre sur le projet de budget primitif 2011 du Conseil Régional, projet adopté par l'ensemble de la majorité PS/Europe-Ecologie-LesVerts/Front de Gauche.

Il est le seul à gauche à avoir marqué clairement sa défiance - quoique de façon très mesurée (1), - à l'égard de l'alliance majoritaire Queyranne/Mérieu, au conseil régional.

Vu de gauche, merci à lui.

Piqûre de mouche
L' abstention en question est une piqûre de mouche. Quoique argumentée en séance, elle restera inaudible du commun des citoyens, et le grand quotidien local qui fait à cet élu l'honneur de le citer ne pousse pas plus loin l'effronterie. Ce geste politique est autre chose bien sûr que coquetterie de minoritaire dans la minorité de la majorité...

Dans la précédente mandature, Myriam Combet, élue PCF passée au NPA avant la fin de son mandat, avait fini par voter contre les budgets de Mr Queyranne, contre l'avis de son groupe et pour à peu de choses près les mêmes raisons que Mr Creus aujourd'hui.(2)

Armand Creus ne faisait que s'inspirer d'une idée, vite oubliée, qui figurait dans la propagande électorale du FdG.

Cette idée consistait à dire, il faut faire de la région un "pôle de résistance et d'alternatives" (3), transformons les majorités de gauche dans les régions en points d'appui pour la résistance à la droite...

"Pour la première fois, la Région maîtrise moins de 10% de ses recettes"
J-J Queyranne 

C'est le contraire qui se passe aujourd'hui. Ce Conseil Régional  "de gauche"  fiscalement étranglé accepte son sort comme les autres, et se résigne à fonctionner avec les moyens financiers de plus en plus limités que lui concède le législateur. La région n'a plus de fiscalité directe.
Les majorités régionales à gestion socialiste servent donc d'amortisseurs à la politique antisociale brutale de la droite.


En Rhône-Alpes, la majorité socialiste fait avaler aux écolos les subventions aux nanotechnologies, elle soutient (même si c'est mollement) la candidature d'Annecy aux JO de 2018, elle avalise les inévitables suppressions de postes TOS à venir dans l'éducation, tandis que l'incertitude plane toujours sur le devenir du Lycée Mounier, etc...
On en passe et on en oublie, tant il est vrai que " en cinq ans, la commission d'évaluation ad hoc au CR n'a pas réussi à lister l'ensemble des  subventions accordées par la région " (4)

Refuser l'austérité imposée d'en haut.

Ne pas adopter de budget, ou mieux, comme le proposait Armand Creus, refuser d'adopter un budget d'une manière coordonnée, en lien avec un maximum d'autres Conseils Régionaux ou Généraux (5), est une manière forte, très politique, de renvoyer l'Etat à ses responsabilités, de décorseter un débat budgétaire réduit aux figures imposées du réalisme gestionnaire, de dénoncer et combattre la privatisation des services publics et la RGPP imposés par les gouvernements Fillon. Bref, une manière de créer un véritable électrochoc dans le pays.
 

Pour hater la venue du neuf il faut aggraver la crise institutionnelle, pas la colmater. La décentralisation, la réforme territoriale sont filles des institutions jacobines de la Cinquième République, qui elle-même ne saurait s'auto-réformer de l'intérieur. Dans la lutte pour la justice sociale, il n'y aura pas d'édification démocratique nouvelle sans mûrissement délibéré, à gauche, des conditions de leur renversement.

JMB

(1) A.Creus a voté pour les dépenses et fait abstention sur les recettes et le vote d'ensemble du budget primitif 2011.
(2) Lire aussi le communiqué de Myriam Combet dénonçant l'ouverture à droite de la liste Jean-Jack Queyranne aux élections de 2010.
(3) Communiqué de presse du Front de Gauche R.A du 22.04.2010
(4) D. COMMUNOD, conseiller régional EEV en séance plénière le 17.12.2012
(5) Cf le Bulletin des élu(e)s Front de Gauche régionaux - Décembre 2010 qui contient p.3 l'explication de vote d'Armand Creus.

jeudi 16 décembre 2010

Verbatim : Julian Assange

Question à Julian Assange (fondateur de WikiLeaks):

Quelle différence y-a-t-il entre vous et Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook ?

- « J'ai donné gratuitement des informations privées concernant des entreprises, et je suis un scélérat.
Zuckerberg donne vos informations privées aux entreprises contre de l'argent, et c'est l'Homme de l'année ».

mardi 7 décembre 2010

Une manchette malheureuse

La Croix - édition des 27 et 28 novembre 2010

Chez le kiosquier, dimanche dernier, le quotidien La Croix attirait l'attention du lecteur grevillois avec la manchette de une suivante :" Grenoble, championne de l'insertion sociale ". Bigre. On s'est donc fendu de 1,30 euros afin de vérifier si quelque chose nous aurait échappé ?

Sous le gros titre était écrit : "La Croix" consacre un dossier à la capitale dauphinoise, exemplaire pour l'aide aux plus démunis, alors que ce week-end le froid arrive et que les banques alimentaires se mobilisent en France. "

De quoi mettre du baume au coeur des Roms virés du terrain du Rondeau (au sud de Grenoble) le 1er décembre 2010.

Le plus gros CCAS de province par son budget, le Secours Catholique, "Le Fournil" , Un Toit Pour Tous, l'association Saint Paul, etc. Le fil conducteur idéologique de ce dossier consiste à présenter sous un jour positif, le "niveau d'imbrication exemplaire " (1) qui existe à Grenoble entre politiques publiques d'inspiration social-libérale, bonnes oeuvres d'inspiration chrétienne, et volontarisme du secteur associatif. 



A l'appui de ce premier prix d'excellence sociale, on s'attendait à trouver dans ces pages des résultats significatifs en matière d' accès des plus démunis aux soins, au logement, à l'éducation, à une formation et à de vrais emplois pérennes.  Mais ce n'est pas le cas. Alors?

Ma petite soeur nous ne sommes pas beaux à voir 
L' Isère et la misère continuent.
Nous n'avons pas de pouvoir.
Guy-Ernest DEBORD

Grenoble devient une ville sécuritaire invivable. Il y existe un ratio demande de logement/logements vides au moins égal à la moyenne des villes similaires en France. Même s'ils ont très légèrement baissé (0,2%) dans les premiers mois de 2010, les loyers de marché y restent parmi les plus élevés. Il manque plus de 8 000 logements sociaux sur l’agglomération, 4 300 ménages en attendent un depuis plus de 2 ans et pourraient ainsi recourir à la loi DALO pour faire reconnaitre leur demande prioritaire et urgente (chiffres de l’Observatoire de l’Habitat fin 2010).
Dans les services publics, on constate une forte hausse du taux de certains impôts locaux auquels personne ne peut se soustraire, telle la Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères  (TEOM) en augmentation de 50 % à service constant depuis 3 ans.
La Carte Emeraude, qui permettait aux plus de 65 ans de bénéficier de la gratuité des transports sur le réseau du SMTC pendant les heures creuses, les dimanches et jours fériés et au mois d'aout, a été supprimée.
Surtout, et à l'inverse de Lyon, la précarité sous toutes ses formes pèse autant dans la ville centre de l'agglo que dans l'agglo grenobloise elle-même, comme le montre cette analyse d'Alain Berthelot, publiée fin 2008 pour l' INSEE (2).

Il n' y a pas un mot de tout celà, pas un chiffre sur ces sujets dans ce papier ! On semble seulement se féliciter qu'un si grand nombre d'assos de tout poil tentent de soulager la misère en Isère...

A la fin de ce dossier, La Croix gratifie ses lecteurs d' un portrait sur deux pages (soit le tiers) du relativement jeune conseiller municipal modémoïde Stéphane GEMMANI, membre de la coalition municipale majoritaire PS-PC-MoDem-Droite anti Carignon. Dans une langue de bois impeccable, cet homme de bien, modeste promoteur du Véhicule d'Intervention Contre l' Indifférence (VINCI !) affirme nourrir d'avantage d'ambitions pour Grenoble que pour lui-même.

Il semble être parvenu à en convaincre au moins l'auteur de l'article Louis de Courcy.

Pas nous.

JMB

(1) " Nous cogérons avec le champ associatif et apportons systématiquement  des réponses coordonnées. Nous avons atteint un niveau d'imbrication exemplaire ",  Olivier Noblecourt, vice-président du CCAS, propos rapportés dans l'article.
(2) " Précarité dans  l’agglomération de Grenoble : pas uniquement dans les zones urbaines sensibles " in La Lettre Analyses N°99 - novembre 2008- téléchargeable ici.

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