jeudi 25 juillet 2013

Le hold-up de l'été : les banques font main basse sur l'épargne populaire


[Nous mettons en avant ici, de temps à autre, une info qu'on peut trouver en parcourant l'un des 150 flux isérois ou nationaux agrégés par Google 38, la maison-mère de ce blog.
Le communiqué ci-dessous,
passé inaperçu, parle du devenir d'une coquette partie de nos maigres économies qui, mises ensemble, font les (très) gros sous. Il indique dans quelles poches elles échoueront à la faveur de la torpeur générale, sous l'égide de Guimauve-le-Conquérant. Il est paru dans L'Humanité. Il a notamment été relayé par le Blog des Elus communistes de Sassenage (38 - Isère) dont on peut trouver les flux ici.]

***

Ce n'aurait pas été écrit, nous ne l'aurions pas cru !

Mais voilà, en pleine canicule, un coup de froid est venu abaisser le taux de rémunération du Livret A de 1,75 à 1,25 % et, dans la foulée, le Gouvernement, après avoir rencontré les dirigeants de la Fédération des Banques, a décidé de laisser à disposition de celles-ci rien moins que 30 milliards d'euros de l'épargne centralisée à la Caisse des Dépôts.
30 milliards d'euros, tout de suite, en attendant peut-être d'aller jusqu'à 50, pour que les banques daignent, enfin, financer les PME.
C'est étrange mais nous nous rappelons avoir, pour cela, créé une Banque Publique d'Investissement pour qui ces 30 milliards n'auraient sans doute pas été de trop...

Aujourd'hui, ce qui est sûr, c'est que les banques vont pouvoir faire ce qu'elles veulent des 30 milliards d'euros d'encours du livret A et du livret de développement durable (un livret dont le rapport Queyranne recommande de fiscaliser les intérêts!), au motif qu'elles ne disposaient pas de marges de manœuvre pour « financer le développement des petites et moyennes entreprises », et ce, du fait de « contraintes prudentielles ».

Les règles de Bâle ont bon dos pour une BNP dont l'actif bancaire est de 1 900 milliards d'euros (presque le PIB de la France!), tandis que Société Générale est à 1 250 milliards, BPCE à 1 150 milliards et Crédit Agricole à 1 840 milliards, signe que nos banques ont largement de quoi faire pour financer les PME.
Ces quatre grands établissements gèrent donc un total de bilan représentant trois fois la richesse du pays et ils n'ont pas trente milliards d'euros pour les PME ?

Et notamment leurs centaines de milliards de placements financiers, de produits dérivés, fruit de la fièvre spéculative qui les anime en permanence.
Il semble bien loin le temps où le Parti socialiste se battait, avec l’ensemble de la gauche, contre la banalisation du livret A, ressource dévolue à la construction et à la réhabilitation de logements sociaux (c'était pourtant en 2008)
Maintenant, il recule sur la centralisation de la ressource et laisse les mains libres aux banquiers.
Ni le logement social, ni les PME n'ont, depuis la distribution du livret A par toutes les banques, tiré le moindre avantage de la situation.
L'épargne populaire doit rester l'outil de construction du logement social, de la transition écologique, du développement social urbain, de l'égalité des territoires.

Il faut renoncer au transfert des fonds du livret A aux banques !

Source:  L'Humanité & GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN AU SÉNAT


p.s:  A signaler sur le même sujet -à cell(e)ux qui peuvent se le faire offrir par un(e) abonné(e-) cet article fouillé de Martine Orange sur Mediapart : " Livret A, le fric-frac de l'été "

vendredi 12 juillet 2013

Affaire Bettencourt : Contre la censure faisons jouer l'effet Streisand !


[EDIT MARDI 23 JUILLET] : La censure ordonnée par la Cour d'appel de Versailles à l'encontre du site Mediapart a pris effet officiellement lundi 22 juillet au soir. La rédaction de mediapart.fr va se pourvoir en cassation contre cette décision. En cas d'échec, elle se tournera vers la Cour Européenne des Droits de l'Homme.


[ EDIT LUNDI 15 Juillet ] De Maistre fait exécuter la censure de Mediapart
Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a officiellement signifié ce lundi au journal Mediapart l'arrêt de la cour d'appel de Versailles ordonnant de retirer toute citation des enregistrements Bettencourt.

Mediapart dispose donc de huit jours pour supprimer toute citation écrite ou audio de ces enregistrements. La sanction financière prévue est très lourde : 10 000 euros par infraction constatée et par période de vingt-quatre heures. Un calcul par l'absurde évaluait -au vu des 800 articles, des 2 000 billets de blogs et des dizaines de milliers de commentaires publiés sur Mediapart- une sanction financière potentielle de plus de 700 millions d'euros par mois !


Que pouvons-nous faire ?

1.Lire l'appel "Nous avons le droit de savoir" (accès libre)

2.Signer ici cet appel-pétition de soutien à Mediapart.


3.Faire jouer à fond l'effet Streisand (Liens et howto au bas de ce billet). 

Solidarité pour de vrai avec Mediapart !


:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:
Rappel des faits

Le 4 juillet 2013, la cour d'appel de Versailles a condamné le journal en ligne Mediapart dans l'affaire Bettencourt ( ... que ce journal, ô ironie, avait porté en place publique !!) .

Introduction de l'article « Mediapart condamné, la presse menacée » (accès restreint):

« Saisie par Olivier Pelat, le tuteur de Liliane Bettencourt, la première chambre civile de la Cour d’Appel de Versailles a, dans un arrêt rendu ce jeudi, condamné Mediapart pour atteinte à l'intimité de la vie privée.

Elle nous ordonne de retirer sous huit jours « toute publication de tout ou partie de la retranscription des enregistrements illicites réalisés au domicile de Liliane Bettencourt », ceci sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard et par infraction constatée, et nous fait injonction de ne plus publier « tout ou partie de ces enregistrements sur tous supports, électroniques, papier ou autre », cela toujours sous astreinte. Mediapart, qui n'a publié que des informations d'intérêt public, formera un pourvoi en cassation contre cette décision qui contredit les textes européens sur le droit à l’information.

Par ailleurs, la chambre criminelle de la Cour de cassation a, le 31 janvier 2012, reconnu que les enregistrements réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt étaient une preuve recevable dans la procédure pénale pour « abus de faiblesse » qui a été instruite à Bordeaux (...)  »

***

Nous avons le droit de savoir !

Face à cette intimidation qui constitue une atteinte grave à la liberté d'informer, vous pouvez soutenir la rédaction de Mediapart de deux manières :
  • Signer l'appel-pétition " Nous avons le droit de savoir ! " lancé par la rédaction de Mediapart.
  • L' appel ici en ANGLAIS  
    • Amplifier l'effet Streisand ... Si vous n'êtes pas déjà initié au partage de fichiers dit en "peer-to-peer", voici une belle occasion de passer aux travaux pratiques. Vous allez voir c'est assez simple.


L' effet Streisand contre la censure !

Quelques heures après la publication de la décision des magistrats versaillais, une bonne partie des contenus incriminés avait déjà été copiée et ré-hébergée ailleurs. On appelle ça " l' effet Streisand ".

L'expression désigne l'effet induit par la reproduction et la diffusion massive d’un contenu visé par une procédure de censure. Concrètement, plus un censeur demande le  retrait d’un article, d’une photo ou une vidéo, plus ce document est reproduit, augmentant de manière exponentielle sa visibilité.

Cette expression aurait pour origine la procédure engagée en 2003 par Barbara Streisand contre un photographe qui en toute bonne foi aurait pris un cliché de la propriété privée de l'actrice ... afin d’étudier l’érosion du littoral. Au bout du compte, non  seulement la star n'a pu faire interdire la photo, mais en un mois, celle-ci sera vue par des centaines de milliers de personnes grâce à la mobilisation des internautes.

Depuis, « l’effet Streisand » est devenu l'un des mécanismes de défense de prédilection des internautes. Il permet de protéger les lanceurs d’alerte en garantissant une surexposition médiatique contre le(s) censeur(s) qui souhaite(nt) les faire taire. On a pu le voir à l’œuvre encore récemment en réponse aux pressions exercées par la DCRI pour faire retirer de Wikipédia un article sur une station hertzienne militaire.
À l’annonce de la condamnation de Mediapart, « l’effet Streisand »  est donc apparu comme une évidence à de nombreux internautes qui ont évoqué, dans les minutes qui ont suivi, la possibilité d’héberger les enregistrements et articles incriminés consacrés à l’affaire Bettencourt.

:-:-:-:-:-: HOWTO :-:-:-:-:-:
Vous trouverez sur le site de peer-to-peer The Pirate Bay un fichier portant l'extension « .torrent » intitulé « Mediapart – Dossier Bettencourt ». Le lien spécial qui pointe sur ce genre de fichier s'appelle aussi un "magnet".

Téléchargement:
A l'aide du logiciel (gratuit) approprié au traitement de ces petits fichiers particuliers l’internaute pourra télécharger et faciliter la diffusion d'un pack de 95 articles au format web, 82 sons au format mp3, 79 images et 14 pages au format PDF, soit une bonne partie des contenus de Mediapart visés par l’arrêt de la  cour d’appel de Versailles. 
Vous devez juste vous assurer que le logiciel sait utiliser le protocole de transfert P2P BitTorrent. FrostWire par exemple est dans ce cas, et il est porté sur toutes les plateformes.
Vous pouvez bien entendu décompresser l'archive téléchargée pour en contrôler le contenu et satisfaire votre saine curiosité (!), mais ne la détruisez pas, et si vous n'êtes pas un expert, ne la renommez pas et ne la changez pas de place.
 
Diffusion:
Pour participer à la diffusion, il suffit de vérifier que le mode partage est activé dans votre client BitTorrent (c'est généralement le cas par défaut) et qu'il s'applique au pack téléchargé. Pensez simplement à lancer ce logiciel et à le laisser ouvert en permanence dans un coin (ces softs "consomment" très peu de ressources-machine et on peut "régler" finement la bande passante montante et descendante allouée...)
Principe de base : Toujours essayer de téléverser au moins autant de données que vous n'en téléchargez. C'est la meilleure façon de faire (très bien) vivre le réseau BitTorrent !

Vos responsabilités : Le réseau P2P BitTorrent est légal, mais il ne garantit en aucun cas votre anonymat vous pouvez donc être tenu pour responsable des contenus mis en partage. Partager des musiques, films, logiciels ou autres oeuvres protégées par des droits d'auteur est une opération illégale.
Pour aller plus loin : Comprendre les principes du peer-to-peer


Bon, maintenant que vous voilà équipés, à vous de jouer:

Téléchargez ici le pack "Mediapart - Dossier Bettencourt" (via un fichier '.torrent', à l'adresse https://thepiratebay.sx/torrent/8648348 )
Encore une fois, pour que ce lien direct fonctionne, vous devez disposer au préalable sur votre machine d'un logiciel client BitTorrent correctement paramétré, comme expliqué plus haut.
Une fois votre archive téléchargée, vérifiez qu'elle est partagée, comme expliqué plus haut.

C'est la seule chose à faire pour nourrir une diffusion automatique et massive de l'archive, en toute sécurité technique pour tous

Tous les LIENS UTILES

Les autres liens ci-dessous pointent en clair sur des archives compressées ou sur des répertoires de fichiers unitaires, sans autre objet que de maintenir les documents à la disposition de tout le monde, au-delà de la date de retrait ordonnée à Mediapart par la Cour d'appel de Versailles. Toutes ces ressources peuvent disparaître du jour au lendemain.


Miroirs:
DO-IT-YOURSELF :

Fichiers audio:
http://dinos.org/ 

Fichiers PDF:
http://zeropi.net/mediapart-bettencourt/articles_mediapart_bettencourt.zip
http://mirror.6x9.fr/mamizinzin/pdf

Script de téléchargement des PDF :
http://pastebay.net/1245608

Tous fichiers:
http://cubox.me/mediapart/ 

Just for Fun :
Donnez libre-cours à votre créativité en participant au Concours REMIX BETTENCOURT organisé par la Quadrature du Net :)


Webmaster LePartisan 
With datalove ;)


dimanche 7 juillet 2013

BRESIL : Samba ou Constituante ? il faut marier les deux !

Manifestation au Brésil, juin 2013


Une ébauche de réflexion sur l'importance stratégique (ou pas) des Assemblées Constituantes, au prisme de l'actualité du monde comme il va.


L'objet d'un processus constituant est de changer de Loi Suprême, ce Code du Vivre Ensemble. Il s'agit de changer la structure d' institutions devenues autobloquantes comme les pavés du même nom à force d'empilement. Et  changer ce faisant l'essentiel du personnel politique lié aux anciennes institutions...

Dans la réalité, une Assemblée constituante dispose-t-elle toujours et en tous lieux, de tels formidables pouvoirs ? A l'aune des mouvements et des réalités d'hier et plus encore d' aujourd'hui, l' affirmation est discutable.

Brésil, la Constituante avortée  

La lutte de classe se porte bien, merci. Tout spécialement dans la plus grande partie de l'hémisphère Sud.

En 2013 la première grande poussée de fièvre populaire au Brésil depuis la chute de la dictature exprimait un ras-le-bol général face aux impasses et aux renoncements d'un pouvoir fédéral "de gauche" à la dérive -Parti des Travailleurs et alliés. (Cf. détails dans l' itw en encadré ci-dessous)
On peut naturellement n'insister que sur ses avancées sociales -réelles- depuis dix ans (programme d'urgence en faveur des plus pauvres), sans parler de ses reculs (dette, réforme agraire....) On peut s'abstenir de critiquer une profonde impasse stratégique. Et néanmoins continuer de le présenter comme la seule option réaliste à gauche, à l'instar de JL Mélenchon, qui fait de l'Assemblée constituante le "point numéro un" de son programme.

Pour reprendre la main, la présidente brésilienne Dilma Roussef s'était déclarée favorable à la mise en place d'une Assemblée Constituante. Elle avait donc proposé au Congrès de se réunir pour décider d'un référendum populaire, parce que la constitution l'empêchait de faire autrement.

Héraut d'une Sixième République en France, Mélenchon lui emboîtait prestement le pas dans le fil d'un billet [ Des chômeurs français et des manifestants brésiliens, 28/06/13 ] et en tirait la conclusion suivante (en gras dans le texte) :

" Le processus d’ébullition déclenché par la constituante est le point d’appui pour mener l’assaut social "

Or, ces manifestations de masse ne devaient strictement rien à un processus constituant qui n'a du reste jamais été au programme du PT (1). La colère sociale résultait uniquement des effets négatifs à long terme du réformisme faible (2) incarné par ce "gouvernement ami". Au fond, c'est ce que déplorait le plus J-L Mélenchon :



" Je me situe donc ici comme une personne qui se sent assez proche du gouvernement brésilien pour ne pas vouloir sa fin honteuse sous les coups d’un mouvement qui nous ressemble. Je choisi cet angle pour m’éviter d’adopter deux lignes de critiques de gauche qui, selon moi, mènent à l’impasse. "


Joli tour de passe-passe, feignant de se situer des deux côtés du manche à la fois, tout en éludant le bilan médiocre au plan social, catastrophique au plan environnemental, de 10 ans de coalitions à dominante PT (3). En lisant attentivement ce billet on déniche une allusion sybiline à la corruption généralisée de l'Etat brésilien :


" ... la jeune génération (...) identifie une insupportable perte de légitimité des autorités qui ont en charge le bon fonctionnement de la société "

Lorsqu'il évoque un gouvernement ami, Jean-Luc Mélenchon répugne décidément à appeler un chat un chat, et la corruption, une gangrène.

Les messages envoyés à ses amis semblaient frappés au coin du bon sens :

- Il faut satisfaire au plus vite les revendications des couches modestes en matière de transports publics, d'éducation, d'équipements de santé...

- Le pouvoir doit impulser un grand chantier de refonte complète des institutions brésiliennes, et le plus tôt serait le mieux.


Encore fallait-il, pour sortir de cette situation, que les dirigeants de ce pays soient disposés à changer radicalement d'orientation et pour celà déterminés à affronter l'oligarchie, en appelant à la mobilisation populaire. On en est très, très loin. La vérité est qu'au Brésil, toutes les formations de la coalition au pouvoir, qui s'échangent des postes et se rachètent des voix (!) en sont totalement incapables, quand elles n'y sont pas hostiles.

...la suite sous l'encadré

Le site MEMOIRES DES LUTTES a fait paraître un dossier Brésil comprenant notamment un entretien avec João Pedro Stedile, coordinateur national du Mouvement des Sans Terre. En voici un extrait édifiant  :

Question
- Du point de vue politique, quelles sont les causes du mouvement ?

João Pedro Stedile
- Les quinze ans de néolibéralisme suivis de dix ans de politique de conciliation de classes ont transformé la manière de faire de la politique. Celle-ci est devenue l’otage des intérêts du capital. Les partis ont reproduit leurs vieilles pratiques et se sont transformés en boutiques qui attirent en majorité des opportunistes qui se battent pour accéder à des mandats publics ou capter des fonds publics en fonction de leurs intérêts. Toute une jeunesse arrivée après coup n’a pas eu la possibilité de participer à la politique. Aujourd’hui, tout candidat à un mandat public doit posséder plus d’un million de reais ; un mandat de député coûte à peu près dix millions. Les capitalistes paient et les politiques obéissent. La jeunesse en a par-dessus la tête de cette manière bourgeoise, mercantile, de faire de la politique. Mais le plus grave, c’est que les partis de la gauche institutionnelle, sans exception, ont adopté ces méthodes. Ils ont vieilli et se sont bureaucratisés. Cette manière d’agir des partis a dégoûté les jeunes. Et ils ont raison. La jeunesse n’est pas apolitique, au contraire, elle vient de remettre la politique dans la rue même sans avoir conscience de sa signification. Ce qu’elle dit, c’est qu’elle ne supporte plus d’assister à la télévision à ces pratiques politiques, qui prennent le vote des citoyens en otage, sur base du mensonge et de la manipulation. Et les partis de gauche ont besoin de réapprendre que leur rôle est d’organiser la lutte sociale et de politiser la classe des travailleurs s’ils ne veulent pas passer aux oubliettes de l’histoire.

Tout l’entretien est de la même eau… :
http://www.medelu.org/Signification-et-perspectives-des



Dans le cas du Venezuela, auquel J-LM fait également référence dans ce billet, (" Le bon Brésil modéré en face du méchant Venezuela était une construction de propagande.") il serait au minimum exagéré de soutenir qu'un "assaut social" ait été déclenché à la faveur du processus d'élaboration de la nouvelle constitution bolivarienne, pas plus qu'après sa proclamation.


La Tunisie et l' Egypte sont des pays arabes en révolution où la poussée des masses a réussi à démettre deux autocrates, et débouché pour l'une sur la formation d'une assemblée constituante issue des urnes, et à la suspension de la constitution en vigueur sous Moubarak pour l'autre...

Dans le cas tunisien, on ne peut pas soutenir non plus que l'Assemblée Constituante première manière ait pu fournir le moindre " point d'appui " à l'énergie des masses pour "mener l'assaut social". Non seulement cette Assemblée n'a déclenché aucun "processus d'ébullition" mais, sous la pression de l'islamisme politique notamment, elle a contribué à canaliser la composante laïque du mouvement populaire, trop remuante et revendicative à son goût

 Edit du 24/10/14 : Fin 2014, on estimait à 2 400 le nombre de tunisiens partis faire le djihad en Syrie.

Privée tant de constitution que d'une assemblée constituante, l' Egypte poursuit sa révolution par des voies extraordinairement tortueuses. En juillet 2013, tandis que le pays plongeait dans une profonde dépression économique, les masses acclamaient joyeusement la destitution de Mohammed Morsi par un coup d'état militaire, un an et 3 jours à peine après l'arrivée au pouvoir du candidat des Frères Musulmans ... (4)

Devant l'Histoire, une assemblée constituante n'est jamais en soi révolutionnaire ou pré-révolutionnaire. Son rôle, ses attributions, ses limites, reflètent les processus socio-politiques réellement existants, dans des conditions spécifiques à chaque pays considéré, ils ne peuvent s'en abstraire.

 
En France, la Convention (1791-1795) fut clairement et sans conteste le centre névralgique du processus de renversement de l'Ancien Régime et d'édification de nouvelles institutions.
Ces fondations posées, et à dater de la Constituante proclamée par les fossoyeurs de la Commune de Paris le 31 août 1871, les assemblées suivantes ne s'appliqueront plus jusqu'à nos jours qu'à moderniser les institutions  bourgeoises libérales du pouvoir.

Sauf à envisager, à plus de deux cent ans d'intervalle, la possibilité d'un remake du scénario initial de la Révolution Française, il n'existe guère qu'une garantie permanente, universelle, majeure, à l'essor d'un cycle d'émancipation sociale dans quelque pays que ce soit.

Ces chances de succès tiennent au degré de matûrité, au développement de l'activité créatrice autonome, privilégiée et multiforme des masses, à leur intervention permanente, considérée non comme une source de déstabilisation économique ou une base de manoeuvre pour les partis en lutte, mais comme actrice prépondérante du processus en premier et dernier ressort, et à chaque étape. En d'autres termes, dans les périodes charnières de l'Histoire rien ne doit s'opposer à ce que le peuple pèse en permanence sur la scène politique de tout le poids de sa mobilisation.

Cette exigence prime à nos yeux sur toute autre considération. Dans l'esprit des partisans d'une nouvelle république sociale, plus juste et plus humaine, elle devrait s'imposer comme un impératif pour la transition.

JMB, 05.07.13.






1. La Constitution brésilienne de 1988 actuellement en vigueur a été rédigée par des députés élus sous l'ancien régime.


2. Selon l'expression du politiste André Singer. Cité par D. Estevam dans "Du Parti des travailleurs au parti de Lula" , Le Diplo en ligne : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/07/ESTEVAM/49302


3. " En 2012, le Brésil était encore l’un des pires pays d’Amérique Latine en termes de distribution de revenus. 40 % du budget fédéral se voyait accaparé par la dette – majoritairement interne et détenue par les familles fortunées du pays – contre environ 4 % pour la santé, 3 % pour l’éducation et 0,70 % pour les transports, tous trois parmi les préoccupations principales des manifestants de juin 2013 " (op. cit.).
Cf aussi:
" Le Brésil doit encore manifester pour changer " de Elimar Pinheiro do Nascimento, sociologue, professeur de l'Université de Brasilia
 " Le Brésil a la tête pleine de merde" de P. Nicolino [Sur les rêves de grandeur de ce pays fou de croissance à tout prix et archi-pronucléaire]

4. Cf. " Morsi chassé du pouvoir : il faut satisfaire les besoins du peuple égyptien" (Communiqué de la Gauche Anticapitaliste)


mercredi 3 juillet 2013

Les twitts politiques du jour !

" 4 mois pour virer pour fraude fiscale. 4 heures pour virer pour avoir dit la vérité. t'es trop fort "

@BudBundy78

***

" Solidaire de Delphine , le roi des Belges abdique "  

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