Jean-Luc Mélenchon a effectué sa rentrée politique dans le
Journal Du Dimanche du 17.08.2013.
Voici un résumé partiel mais
substantiel de l'interview:
"
Hollande pratique une politique de droite".
Bien bien
bien. C'est clair, c'est net, c'est juste. J'applaudis des deux mains. Appliqué dans toute sa rigueur, ce positionnement clarifierait indiscutablement la stratégie d'ensemble du Front de Gauche, et de la gauche tout court, qui ne se réduit pas encore tout-à-fait à celui-ci. Mais on en est loin. C'est même la cause première de la soupe à la grimace entre le Parti de Gauche et le Parti Communiste Français, ses principales composantes.
A l'approche des élections municipales, ce n'est un secret pour personne, la direction et les élus du PCF négocient avec le vieil allié "solférinien" actuellement aux manettes dans la plupart des villes de quelque importance ...
Revenons-en à l' ITW du leader du FdG et en particulier à la dernière question posée:
JDD: " Vous serez, en revanche, candidat aux européennes. Quel sera l'objectif ? "
JLM: "Nous allons proposer aux Français de renverser la table. Avec un
vote sanction : contre cette Europe "austéritaire" et cette gauche
toxique ! Le parti de Hollande peut s'effondrer. Si nous passons devant
lui, tout peut changer. Nous proposerons de former un nouveau
gouvernement sans cette petite coterie de solfériniens. Seule notre
ligne peut couper la route au Front national. Quant à savoir où je serai
candidat, c'est une décision collective. L'élection est nationale. Je
veux surtout être utile."
Si sa
liste passait devant le P's', Mr Mélenchon proposerait à Mr François Hollande de
former un nouveau gouvernement, "sa
ns cette petite coterie de solfériniens"....
Là, on remet d'instinct les mains dans les poches.
Que Mr Mélenchon ajourne un peu la Révolution citoyenne, la règle verte, la Constituante et la transition écologique au nom
de l'urgence sociale, du devoir de responsabilité, de l'intérêt
supérieur du pays, bla bla bla, admettons. La France d'en bas va mal, et même, très mal, et pour elle, il y a urgence à agir, oui.
Qu'il soit prêt à former un gouvernement
sous la présidence Hollande, (y compris sans exiger la dissolution du parlement et des élections générales
anticipées), aucun problème, je le
crois sur parole ! (et je rendrai ma carte le jour même).
Mais que le locataire de l'Elysée puisse nommer Mélenchon (ou un(e) autre personnalité du FdG^^ ) premier ministre à la tête d'un gouvernement à dominante Front de Gauche, qui peut y croire une seconde ? Un type qui entre autres joyeusetés
se réjouit cyniquement du dépeçage de la Grèce ?
A prendre cette ITW au sérieux, il faut donc grimper aux deuxième, troisième
et quatrième étages de la fusée mélenchonienne pour trouver une issue : Partant de l'hypothèse -pas totalement irréaliste- d'un écroulement électoral des socialistes aux Européennes, et devant le refus prévisible de Mr Hollande de laisser entrer des hordes de partageux à Matignon, il ne resterait plus qu'à
batailler pour arracher à l'actuel Président un décret de dissolution du parlement, procéder à des élections
générales anticipées - la présidentielle venant en premier, c'est un écueil supplémentaire mais c'est comme ça depuis Jospin- et remporter des législatives qui offriraient au Front de Gauche, au choix : une large majorité, l'hégémonie à gauche, ou au minimum une forte minorité d'arbitrage à l' Assemblée autour de laquelle recomposer une majorité "
sans les solfériniens". Un vrai conte de fée.
Quand je vois ce qui se passe chez nos
plus proches voisins, grecs, espagnols, portugais et italiens, écrabouillés sous les plans d'austérité drastiques de la
Troïka (FMI-BCE-UE) et ses relais aux ordres, malgré maintes grèves, manifestations et appels à la grève générale, j'ai un mal de chien à croire à une issue de gauche par le haut en France. Au
surplus, en triant le bon grain socialiste de l'ivraie solférinienne, installé dans un fauteuil de premier ministre...
Les
institutions bonapartistes de la Vème République en ont vu d'autres,
elles se prêtent à une gamme étendue de combinaisons politiques. Faire le pari d'une possible cohabitation présidentielle avec la gauche est faux. Hollande, s'il est acculé à élargir sa majorité, ira la chercher à droite, comme ses voisins grecs, allemands, etc. Et si une crise de régime s'ouvrait, le Président dispose encore constitutionnellement de pouvoirs discrétionnaires suffisants pour imposer à lui seul le maintien
de l'ordre et préserver la confiance des investisseurs.
N'ont elles pas
été capables, ces institutions honnies, de résister y compris à un choc social de grande ampleur sans
s'effondrer, en 1968 ?
Le pari mélenchonien repose donc sur un enchaînement d'hypothèses favorables dont on a pas vu les
signes avant-coureurs : l' atomisation de la
social-démocratie, la marginalisation du FN, et surtout, une forte et
durable poussée électorale à gauche. Le tout sur fond de divisions
politico-syndicales et d'atonie sociale inquiétants
en cette rentrée 2013...
Coup de dés, coup d'audace... illusion platement électoraliste... Là-dessus, comme toujours, les points de vue peuvent sacrément diverger. Mais après-tout, en politique comme en toutes choses il n'est pas nécessaire de croire pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
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